Parole de femme en Ontario français : subjectivité, agentivité et transgression dans les Carnets de déraison de Guylaine Tousignant

<p>Peu de femmes, et surtout peu de poètes, ont pris la parole en Ontario français dans les années 1970, 1980 et même 1990. Au tournant du siècle, de nouvelles voix ont émergé. Parmi elles, Guylaine Tousignant dont le premier recueil de prose poétique, <em>Carnets de déraison</em>...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Johanne Melançon
Format: Article
Language:English
Published: Universidad de Huelva 2013-12-01
Series:Canada and Beyond
Subjects:
Online Access:http://www.uhu.es/publicaciones/ojs/index.php/CanadaBeyond/article/view/3053
Description
Summary:<p>Peu de femmes, et surtout peu de poètes, ont pris la parole en Ontario français dans les années 1970, 1980 et même 1990. Au tournant du siècle, de nouvelles voix ont émergé. Parmi elles, Guylaine Tousignant dont le premier recueil de prose poétique, <em>Carnets de déraison</em> (Prise de parole, 2005), met en scène une narratrice qui, malgré sa difficulté à dire « je », dans une parole que l’auteure qualifie de « pluri auto bio graphique », arrive à exprimer son agentivité non pas surtout dans le propos, mais bien dans l’écriture même par la différenciation et l’hybridation génériques, le dédoublement rhétorique du sujet, le recours à différentes stratégies discursives comme le dialogue intérieur et le micro-récit, ainsi que par l’intertextualité. L’écriture s’inscrit d’abord dans l’écrit intime, déjà suggéré par le paratexte. Le texte se déploie en fragments qui permettent l’expression du mouvement de la pensée qui hésite et doute; au point de vue du genre, cette écriture s’avère une hybridation de la poésie, des carnets, du livre de raison, du journal intime et de la confession. Tout au long du récit poétique, le sujet, qui se dédouble, porte un regard critique sur soi, ce qui l’oblige à affirmer son agentivité. Les stratégies discursives permettant cette affirmation de soi vont du dialogue intérieur, avec une mise en scène de l’autre, au micro-récit qui permet de s’inventer des histoires, en passant par un choix de verbes d’action. Quant à la subversion, elle s’inscrit surtout dans l’intertextualité et est donnée d’entrée de jeu par l’exergue de Descartes, puis par l’allusion à Camus. Dans ce recueil, l’écriture constitue le moyen et le lieu d’une quête de soi. Elle permet d’assumer toutes les voix qui obligent le «je» à se remettre en question, à se juger, mais qui construisent pourtant aussi ce «je» comme sujet. En ayant recours à ces stratégies, le texte finit par assumer pleinement le doute comme constitutif de soi mais parvient aussi à affirmer le droit à la déraison. Au bout du compte, c’est le travail de l’écriture qui aura permis au «je» d’affirmer son agentivité.</p><p> </p>
ISSN:2254-1179