Piloter dans une société en changement
Dans la plupart des systèmes scolaires, le pilotage revient aux cadres scolaires (collaborateurs des directions générales, chefs d’établissements, directeurs des institutions de formation des enseignants), qui sont censés exercer un leadership déterminant dans le développement de ces systèmes. En m...
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Bern Open Publishing
2006-12-01
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Series: | Schweizerische Zeitschrift für Bildungswissenschaften |
Online Access: | https://sjer.ch/article/view/4754 |
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doaj-df0ae0ce290341b19b5d968c9a1985f22021-10-02T15:16:25ZdeuBern Open PublishingSchweizerische Zeitschrift für Bildungswissenschaften2624-84922006-12-0128S10.24452/sjer.28.S.4754Piloter dans une société en changementMonica Gather Thurler Dans la plupart des systèmes scolaires, le pilotage revient aux cadres scolaires (collaborateurs des directions générales, chefs d’établissements, directeurs des institutions de formation des enseignants), qui sont censés exercer un leadership déterminant dans le développement de ces systèmes. En même temps, le raisonnement sur leur rôle et fonction reste encore trop souvent limité à quelques principes généraux, reliés à leur position dans une structure hiérarchique et à leur travail prescrit dans les cahiers de charge (lorsque ceux-ci existent), n’est que rarement fondé sur une analyse approfondie de leur travail réel. Or, d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre dans les pays fédéralistes, celui-ci diffère selon les législations et les orientations politiques, mais également selon la culture professionnelle prépondérante. De fait, leur manière d’exercer un leadership revêtira des fonctionnements et des formes très divers: ils se trouveront tantôt dans la position d’un décideur solitaire, dans celle d’un membre d’une équipe de direction ou encore dans celle d’un primus inter pares au sein d’une équipe pédagogique. A ces variations s’ajoutent un certain nombre d’aspects dont on ne mesure pas toujours les conséquences: la plupart des cadres scolaires ont au préalable été enseignants eux-mêmes, ce qui implique une certaine «complicité» avec celles et ceux qu’ils sont désormais censés diriger. Ils succèdent toujours à quelqu’un et, à un certain moment, cèdent leur place à quelqu’un d’autre; ils seront donc dans l’obligation d’assurer une certaine continuité tout en démontrant leur capacité de laisser leur «empreinte» pendant leur passage. Enfin, ils représentent l’autorité, qui leur délègue du pouvoir; ils doivent donc «montrer patte blanche », se soumettre à une culture institutionnelle, à une conception du rôle du ministère, des autorités politiques locales ou régionales, dont le rôle et l’influence varient d’un pays et d’un système scolaire à l’autre. Pour lancer le débat sur la problématique du leadership qui se trouve au centre de ce congrès de la SSRE, je prendrai le parti de lier la fonction des cadres scolaires soit au fonctionnement ordonné du système éducatif, soit à sa modernisation continue. Et tenterai de montrer qu’en vertu de l’écart de moins en moins acceptable entre les objectifs déclarés de l’école et ses résultats, la composante de l’innovation semble ici prioritaire. Dans cette perspective, diriger dans une société en changement, c’est piloter des transformations incessantes, qu’elles soient impulsées par l’évolution de la demande sociale, les inflexions des politiques de l’éducation, le renouvellement des savoirs, voire les exigences des nouveaux publics scolaires, culturelles et économiques. https://sjer.ch/article/view/4754 |
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Dans la plupart des systèmes scolaires, le pilotage revient aux cadres scolaires (collaborateurs des directions générales, chefs d’établissements, directeurs des institutions de formation des enseignants), qui sont censés exercer un leadership déterminant dans le développement de ces systèmes. En même temps, le raisonnement sur leur rôle et fonction reste encore trop souvent limité à quelques principes généraux, reliés à leur position dans une structure hiérarchique et à leur travail prescrit dans les cahiers de charge (lorsque ceux-ci existent), n’est que rarement fondé sur une analyse approfondie de leur travail réel. Or, d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre dans les pays fédéralistes, celui-ci diffère selon les législations et les orientations politiques, mais également selon la culture professionnelle prépondérante. De fait, leur manière d’exercer un leadership revêtira des fonctionnements et des formes très divers: ils se trouveront tantôt dans la position d’un décideur solitaire, dans celle d’un membre d’une équipe de direction ou encore dans celle d’un primus inter pares au sein d’une équipe pédagogique. A ces variations s’ajoutent un certain nombre d’aspects dont on ne mesure pas toujours les conséquences: la plupart des cadres scolaires ont au préalable été enseignants eux-mêmes, ce qui implique une certaine «complicité» avec celles et ceux qu’ils sont désormais censés diriger. Ils succèdent toujours à quelqu’un et, à un certain moment, cèdent leur place à quelqu’un d’autre; ils seront donc dans l’obligation d’assurer une certaine continuité tout en démontrant leur capacité de laisser leur «empreinte» pendant leur passage. Enfin, ils représentent l’autorité, qui leur délègue du pouvoir; ils doivent donc «montrer patte blanche », se soumettre à une culture institutionnelle, à une conception du rôle du ministère, des autorités politiques locales ou régionales, dont le rôle et l’influence varient d’un pays et d’un système scolaire à l’autre.
Pour lancer le débat sur la problématique du leadership qui se trouve au centre de ce congrès de la SSRE, je prendrai le parti de lier la fonction des cadres scolaires soit au fonctionnement ordonné du système éducatif, soit à sa modernisation continue. Et tenterai de montrer qu’en vertu de l’écart de moins en moins acceptable entre les objectifs déclarés de l’école et ses résultats, la composante de l’innovation semble ici prioritaire. Dans cette perspective, diriger dans une société en changement, c’est piloter des transformations incessantes, qu’elles soient impulsées par l’évolution de la demande sociale, les inflexions des politiques de l’éducation, le renouvellement des savoirs, voire les exigences des nouveaux publics scolaires, culturelles et économiques.
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