Le lieu tremblant du poème-monde chez Glissant et Heidegger
Selon Heidegger et Glissant, la parole poétique est la manière fondamentale pour l’homme de participer à l’événement du lieu et d’habiter un monde qui « s’ordonne en monde » à travers le langage. À partir de ses premiers poèmes, la parole glissantienne montre un lien fondamental avec le devenir tell...
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Format: | Article |
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Published: |
Stockholm University Press
2014-10-01
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Series: | Karib |
Online Access: | https://www.karib.no/articles/18 |
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doaj-d8e068e7294448e49d25fd108c763eb12020-11-25T00:37:41ZengStockholm University PressKarib1894-84212387-67432014-10-011110.16993/karib.1818Le lieu tremblant du poème-monde chez Glissant et HeideggerAlessandro Corio0University of BirminghamSelon Heidegger et Glissant, la parole poétique est la manière fondamentale pour l’homme de participer à l’événement du lieu et d’habiter un monde qui « s’ordonne en monde » à travers le langage. À partir de ses premiers poèmes, la parole glissantienne montre un lien fondamental avec le devenir tellurique et cosmologique du monde, dans un rapport qui n’est pas tout simplement référentielet représentatif, mais de profonde « intrication ». La poésie devient ainsi recherche d’un langage qui soit capable d’écouter la terre par le moyen de la parole et de participer à la venue au monde du monde, s’ouvrant à l’imprévisible de son événement. Cette fonction poétique se noue de manière nécessaire au destin historique des peuples de la Traite, à leur total dépouillement humain et ontologique et donc à une urgence encore plus profonde et originaire defaire-monde. La réflexion heideggériennesur la poésie, nous montrecomment l’habitation poétique de l’homme ne consiste pas tout simplement à s’installer dans un espace qui lui préexiste et qu’il peut ainsi dominer et exploiter, mais dans une condition beaucoup plus dangereuse et gravée de responsabilité, où habiter signifie demeurer constamment sur une seuil et comme un étranger. C’est aussi ce que Glissant découvre dès son itinéraire d’errance dans 'Soleil de la conscience', qui ouvre un lieu d’ambivalence, un entre-deux qu’on ne peut pas reconduire à un « propre » ou à un « chez-soi » pacifiés. Seulement l’acceptation de la part du poète de cet abîme et de ce manque fondamentaux au cœur de tout lieu et de toute subjectivation, de cette dimension conflictuelle qui déchire incessamment le sujet et la parole qui le constitue, le reliant avec la puissance démesurée du vivant, lui permet d’accéder à une pratique de la poésie comme « mesure de la démesure ».https://www.karib.no/articles/18 |
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Selon Heidegger et Glissant, la parole poétique est la manière fondamentale pour l’homme de participer à l’événement du lieu et d’habiter un monde qui « s’ordonne en monde » à travers le langage. À partir de ses premiers poèmes, la parole glissantienne montre un lien fondamental avec le devenir tellurique et cosmologique du monde, dans un rapport qui n’est pas tout simplement référentielet représentatif, mais de profonde « intrication ». La poésie devient ainsi recherche d’un langage qui soit capable d’écouter la terre par le moyen de la parole et de participer à la venue au monde du monde, s’ouvrant à l’imprévisible de son événement. Cette fonction poétique se noue de manière nécessaire au destin historique des peuples de la Traite, à leur total dépouillement humain et ontologique et donc à une urgence encore plus profonde et originaire defaire-monde. La réflexion heideggériennesur la poésie, nous montrecomment l’habitation poétique de l’homme ne consiste pas tout simplement à s’installer dans un espace qui lui préexiste et qu’il peut ainsi dominer et exploiter, mais dans une condition beaucoup plus dangereuse et gravée de responsabilité, où habiter signifie demeurer constamment sur une seuil et comme un étranger. C’est aussi ce que Glissant découvre dès son itinéraire d’errance dans 'Soleil de la conscience', qui ouvre un lieu d’ambivalence, un entre-deux qu’on ne peut pas reconduire à un « propre » ou à un « chez-soi » pacifiés. Seulement l’acceptation de la part du poète de cet abîme et de ce manque fondamentaux au cœur de tout lieu et de toute subjectivation, de cette dimension conflictuelle qui déchire incessamment le sujet et la parole qui le constitue, le reliant avec la puissance démesurée du vivant, lui permet d’accéder à une pratique de la poésie comme « mesure de la démesure ». |
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