Summary: | En 1982, Gilbert Simondon écrit une lettre, jamais envoyée, à Jacques Derrida. Dans ces pages émerge le concept fondamental de techno-esthétique. La réflexion esthétique que Simondon y esquisse consiste en une reprise et une radicalisation de ce qu’il avait déjà théorisé dans Du mode d’existence des objets techniques, à propos du rapport très strict que l’on peut envisager entre technique et esthétique : la sensibilité humaine a toujours été connectée avec des prolongements techniques par lesquels cette sensibilité de l’individu se réorganise, tout en réorganisant ce qui l’entoure. Cet article vise à montrer que ce type de conception techno-esthétique est également présent dans certains textes de John Dewey. La convergence entre les deux auteurs s’exprime également dans leur façon de considérer le rapport, que l’on peut qualifier de co-constitution, entre l’organisme et son milieu ; tout comme pour Simondon, qui développe la notion de « milieu associé », il n’est possible, pour Dewey, de concevoir un individu qu’à partir de sa relation à un milieu. Par là, c’est le parallélisme entre les notions de « transduction » et de « transaction » qui sera à explorer.
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