Summary: | Les phrases du type "Heureusement que P" ont souvent intrigué les linguistes, qui les mentionnent, en règle générale, au chapitre de la phrase complexe. Elles soulèvent un certain nombre de questions, auxquelles ont été données des réponses pas toujours évidentes. S'agit-il vraiment d'une phrase complexe, introduite par un adverbe, qui ferait fonction de proposition principale elliptique, averbale, suivie d'une subordonnée, elle-même introduite par la conjonction de subordination par excellence "que"? Ou aurait-on plutot affaire à une phrase indépendante, ou "que", qui peut commuter avec une virgule, ne serait rien d'autre qu'une marque prosodique? Comment, dans chacune de ces optiques, rendre compte de la différence de mode du verbe dans les énoncés sémantiquement équivalents "Heureusement que Nir (est/*soit) venu" et "Il est heureux que Nir (?est/soit) venu"? Quels sont les adverbes susceptibles d'introduire de telles phrases? Appartiennent-ils à une famille semantique homogène et, le cas échéant, laquelle? Quelle est la structure thématique des phrases de ce type et leur rôle dans la communication? Sont-elle toujours permises ou leur emploi dépend-il d'un certain contexte? Et, lorsqu'elles le sont, peut-on toujours les faire commuter avec des phrases de même sens, mais formellement différentes, telles que, par exemple, les phrases correspondantes avec adverbe en tête, séparé du reste par une simple pause ("Heureusement, Nir est venu"? Enfin, avons-nous affaire a une structure productive, un moule dans lequel on peut introduire tout adverbe de la famille syntactico-sémantique de "heureusement", ou plutot d'une construction en quelque sorte figée, limitée à un relativement petit nombre d'adverbes?
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