Conflicting Discourses on Female Dissent in the Early Modern Period: The Case of Antoinette Bourignon (1616-1680)

Quelles sont donc les bases de l'identification plus ou moins évidente d'un certain type – considéré comme acceptable et reconnu au début des Temps modernes – de religiosité au fanatisme, voire à l'hystérie, qui semble d'autant plus évidente lorsqu'il s'agit d'un p...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Mirjam de Baar
Format: Article
Language:fra
Published: Centre de Recherches Historiques 2009-09-01
Series:L'Atelier du CRH
Online Access:http://journals.openedition.org/acrh/1399
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publishDate 2009-09-01
description Quelles sont donc les bases de l'identification plus ou moins évidente d'un certain type – considéré comme acceptable et reconnu au début des Temps modernes – de religiosité au fanatisme, voire à l'hystérie, qui semble d'autant plus évidente lorsqu'il s'agit d'un prophète féminin ? La prophétesse du dix-septième siècle Antoinette Bourignon est à cet égard un cas très intéressant, parce que, immédiatement après sa mort en 1680, une lutte acharnée éclata entre deux intellectuels de premier plan, Pierre Poiret et Pierre Bayle, tous les deux théologiens, sur la question de la signification qu'il fallait attribuer à sa vie et à son œuvre. Poiret faisait partie des disciples les plus fidèles de Bourignon et il se battit, après la mort de celle-ci, pour publier un recueil de ses œuvres et inscrire son ancien guide spirituel dans une tradition mystico-théologique. L'accent était mis chez lui sur la femme pieuse qui était si réceptive à l'illumination divine et qui pouvait apporter un soutien spirituel aux âmes craignant Dieu grâce à sa connaissance et à son amour de Dieu. Bayle par contre ne pouvait voir en Bourignon qu'un charlatan et la traiter qu'avec défiance et suspicion. En fait, il s'agissait ici de deux discours diamétralement opposés sur la « dissidence féminine ». L'un (la vision de Poiret) finit à terme par avoir le dessous au profit de l'autre (le jugement de Bayle). Le fait que Bayle a pu explicitement marquer de son empreinte la perception historique de Bourignon, peut être attribué à l'autorité qui fut accordée à son Dictionnaire au sein de l'histoire intellectuelle. Mais ce fut justement aussi l'identification d'auteurs éclairés ultérieurs avec l'aversion de Bayle pour ce qu'il qualifiait d'« enthousiasme » et avec ses normes implicites de la féminité, qui fit que son jugement ou plus exactement son préjugé contre Bourignon continua à se répercuter également à long terme sur la perception historique autour de sa personne. La conséquence de tout cela fut que, jusqu'à une période avancée du vingtième siècle, Bourignon eut la réputation d'être une illuminée et une hystérique. Des termes qui négligent complètement son influence, car en la disqualifiant sur la base de son sexe ou de la structure de sa personnalité, la question de savoir pourquoi à l'époque un groupe de chrétiens appartenant à des sectes diverses fut prêt à reconnaître Bourignon comme un guide religieux, disparaît complètement à l'arrière-plan. Cette question a formé pour moi le point de départ de l'écriture d'une nouvelle biographie de Bourignon (« Ik moet spreken. » Het spiritueel leiderschap van Antoinette Bourignon) [« Je dois parler ». Le leadership spirituel d'Antoinette Bourignon].Dans ma biographie de Bourignon, j'ai opté pour une approche contextuelle combinée à une analyse raisonnée de sa vie et de son œuvre. Chaque vie – et c’est également le cas de celle de Bourignon - est imbriquée dans la culture. Cela semble être une constatation évidente. C'est pourtant justement cette conviction qui fait défaut dans toutes les études antérieures consacrées à Bourignon. Celles-ci étaient basées à chaque fois sur l'aspect anormal, atypique ou particulier de son apparition. Bourignon peut bien avoir été unique, des contemporains l'ont cependant identifiée et reconnue comme l'instrument de Dieu qu'elle prétendait être. Il est donc possible de parler à cet égard d'une autodéfinition et d'une individuation réussies. Cela soulève la question de savoir comment une femme du dix-septième siècle comme Antoinette Bourignon, sans la moindre formation théologique formelle mais aussi sans dissimuler ou nier son sexe, a pu, dans le cadre d'action qui était à sa disposition, fonctionner comme un guide spirituel. La réponse à cette question se trouve en fait déjà chez Poiret, mais pour comprendre pourquoi la question elle-même n'a jamais été posée plus tôt, c'est à Bayle qu'il faut nous adresser.
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