Summary: | Cet article a pour objectif de mettre en avant l’irréductibilité du conflit dans les rapports de travail entre dirigeants et subordonnés au sein des entreprises les plus avancées des économies développées. La conflictualité dans les rapports de travail est envisagée dans une perspective identitaire s’appuyant sur le concept psychanalytique d’inhumanité. L’inhumanité au travail est définie comme la dimension de la condition humaine qui conduit l’individu à affirmer son identité par la négation partielle de la condition d’humanité d’autrui dans les rapports de travail. Les auteurs entendent ainsi montrer l’illusion managériale qui préside à la mise en place de programmes visant à a-conflictualiser les rapports de travail dans l’organisation. Pour les auteurs, ces programmes ne peuvent faire disparaître une inhumanité profondément ancrée dans les structures formelles et dans le système culturel, symbolique et imaginaire de l’organisation. La permanence de l’inhumanité dans les rapports de travail reflète l’existence de puissants obstacles psychiques et culturels s’opposant à la reconnaissance pleine et entière de la condition humaine au sein des organisations. L’impossibilité d’exprimer l’altérité dans son identité dans le champ organisationnel conduit à déplacer la pulsion agressive vers la violence non plus symbolique mais concrète. Et face à la violence, le management n’a ni emprise, ni outil de gestion. Comme le démontre l’histoire de l’humanité, seule la civilisation et la culture peuvent aboutir à mieux reconnaître et se reconnaître dans l’altérité.
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