| Summary: | La détermination du lien de cause à effet dans le cas de pathologies impliquant de multiples facteurs de risque et un long temps d’évolution place les juges et les jurés devant de redoutables défis. Un grand nombre de questions d’ordre scientifique, médical et juridique se pose. A titre d’exemple, la seule présence d’un facteur notoirement associé à un risque pathologique élevé suffit-elle à déterminer une causalité? Si tel n’est pas le cas, quel est le niveau d’exposition réputé suffisant et comment est-il possible de mesurer cette exposition avec un niveau de confiance adéquat sur une longue période? En présence d’au-moins deux facteurs associés à un risque pathologique élevé, comment le lien de causalité peut-il être démontré et réparti parmi ces facteurs, notamment lorsque les effets potentiels de leur interaction demeurent inconnus? Compte tenu de l’approfondissement des connaissances relatives aux changements génétiques et moléculaires participant au développement d’une pathologie, quel est le niveau de compréhension et de preuve qui suffit à impliquer un facteur de risque spécifique dans le complexe mécanisme de causalité de la pathologie d’un individu? Indépendamment de sa forte association avec le tabagisme, le cancer du poumon représente un groupe de pathologies associé tant à une multitude de facteurs de risque qu’à un temps d’évolution relativement long. Tant la littérature publiée que les pratiques cliniques actuelles dans le traitement du cancer du poumon, et particulièrement de l’adénocarcinome pulmonaire, reflètent les changements rapides qui se sont produits, dans ce domaine, au cours de la décennie écoulée. Ces avancées médicales, couplées à une amélioration prometteuse du pronostic pour certains patients atteints d’un cancer du poumon, ne sont pas sans avoir des implications sur la production de la preuve des causes du cancer du poumon dans le cadre de litiges durant lesquels les plaignants font valoir que l’exposition à la fumée de cigarette est la cause de leur maladie. Ceci vaut particulièrement dans les affaires entendues dans de nombreux pays européens et sous d’autres juridictions, au cours desquelles les plaignants ne produisent que peu de données cytologiques ou histologiques, voire aucune. Le présent article analyse l’évolution rapide de la science qui sous-tend le diagnostique du cancer du poumon, son traitement et ses implications médico-légales. [Beitr. Tabakforsch. Int. 26 (2015) 298-311]
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