Summary: | Cet article tente de mettre en lumière la pertinence d’une approche par la mémoire afin d’étudier la culture politique des Québécois en général de même que celle des bénévoles de la Société de St-Vincent-de-Paul de Québec. Tout d’abord, les implications de la mémoire collective dans la définition de la culture politique des Québécois sont mises en évidence. Ainsi, la mémoire personnelle d’un individu, replacée dans le cadre de la mémoire collective de sa communauté, contribue à définir le « soi » par rapport à « l’autre » de même que le « nous » par rapport à « eux ». Cela influence la culture politique des membres d’une communauté et peut expliquer en partie leur engagement civique. Par ses dimensions symbolique, matérielle et fonctionnelle, la charité chrétienne est ici proposée comme milieu de mémoire des Québécois ayant vécu leur vie active avant les années 1960-1970. L’Église, par ses enseignements et la diffusion de nombreuses images plaçant la charité comme première vertu de la chrétienté, put de toute évidence agir comme cadre social de la mémoire et inculquer de manière variable cette valeur dans la mémoire collective de ses fidèles. La charité est ici présentée comme un milieu où travaillait la mémoire des Québécois catholiques et pouvant expliquer en partie l’engagement civique des bénévoles de la St-Vincent-de-Paul. En outre, le recul de la pratique religieuse et le retrait de l’Église comme déterminante des cadres sociaux de la mémoire au Québec sont présentés comme ayant eu un impact sur le déplacement de la charité chrétienne d’un « milieu » à un « lieu » de mémoire. Il n’en demeure pas moins que pour les membres de certaines associations charitables chrétiennes, telles la SSVP, celle-ci semble être demeurée un « milieu » de mémoire par la réaffirmation de son importance et la continuité de sa présence au cœur de leur engagement civique.
|