La nation et l’État belge existent-ils ?

Cet article pose une réflexion sur les constructions territoriales et idéologiques qui s’établissent autour des objets géographiques « État » et « nation », à partir d’une déclaration du Ministre Président de la Communauté Française de Belgique indiquant qu’il n’y avait jamais eu ni nation ni État b...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: André-Frédéric Hoyaux
Format: Article
Language:deu
Published: Association EspacesTemps.net 2004-02-01
Series:EspacesTemps.net
Online Access:http://www.espacestemps.net/document534.html
Description
Summary:Cet article pose une réflexion sur les constructions territoriales et idéologiques qui s’établissent autour des objets géographiques « État » et « nation », à partir d’une déclaration du Ministre Président de la Communauté Française de Belgique indiquant qu’il n’y avait jamais eu ni nation ni État belge à proprement parler. Autour de l’exemple de la Belgique, de son évolution institutionnelle au fil de l’histoire contemporaine, entre une Belgique une et indivisible et une Belgique confédérale séparée en régions de plus en plus indépendantes les unes des autres, notre réflexion concerne le sens des références (historiques, culturelles, économiques) que les discours des politiques et des historiens donnent à ces objets géographiques. Ces surplus de sens ont pour but de faire évoluer ces objets dans leur substance spatiale, sociale et temporelle et, au-delà, de changer leur matérialité géographique et l’idée de ce qu’ils représentent symboliquement pour les populations. L’idée n’est donc pas ici d’analyser l’instrumentalisation des objets géographiques « État » et « nation » pour eux-mêmes, puisqu’en l’occurrence ils ne sont pas remis en cause, mais bien de travailler sur les instrumentalisations des référents spatiaux, sociaux et temporels qui leur donnent corps. L’auteur tente ainsi de décrypter les formes d’instrumentalisation construites autour de l’histoire territoriale de l’État-nation dans ses différentes époques. Cette instrumentalisation a pour rôle soit de naturaliser, et donc de légitimer, des constructions idéologiques de la nation et de l’État selon les nouvelles configurations territoriales ; soit d’enjoindre les populations à reconnaître de fait la légitimité que conférerait la vérité de l’histoire sur ce que doit être la fondation optimale de leur nation actuelle. On assiste alors à deux phénomènes conjoints : un réajustement de fait des fondements politiques de l’État, et des fondements sociaux de la nation aux configurations des territoires nouvellement découpés ; et un réajustement des constructions territoriales individuelles et collectives fondatrices de la nation selon de nouvelles distinctions sociales et de nouvelles différenciations spatiales dans les pratiques et les discours des différents habitants du pays. <br> This article lays a reflection about the territorial and ideological constructions that rise around the geographic objects ‘state’ and ‘nation’, proceeding from a statement of the Belgian Minister President of the French-speaking community saying that, strictly speaking, neither a Belgian Nation nor a Belgian State ever existed. About the example of Belgium and of its institutional evolution in the course of its present history, between a one and indivisible Belgium and a confederate Belgium divided into ever more independent regions, our reflection is particularly interested in the meaning of (historical, cultural, economic) references which the politicians’ and historians’ speeches give to these geographic objects. This excess of meanings aims to bring some change in the spatial, social and temporal substance of these objects and, beyond that, to alter their geographical materiality and the idea of what they represent for the populations, as symbols. Therefore, the purpose here is not to analyze the use which is made of the geographic objects ‘state’ and ‘nation’ for themselves, since in this instance they are not challenged, but to think about the special uses of the spatial, social and temporal referents which give substance to them. In this way, this article tries to decipher the forms of instrumentalisation that are constructed around the territorial history of the nation-state in its different epochs. This instrumentalisation intends either to preserve, and therefore to legitimate, ideological constructions of the nation and the state according to the new territorial configurations, or to enjoin the populations to recognize in fact the legitimacy which the truth of history would impart to what must be the optimal foundation of their present nation. We are thus witnessing two related phenomena: a de facto readjustment of the political foundations of the state and of the social foundations of the nation to the configurations of the newly-shaped territories; and a readjustment of the individual and collective territorial constructions, which found the nation, according to the new social distinctions and new spatial differentiations in the practices and speeches of the inhabitants of the country.
ISSN:1777-5477