Summary: | La présente contribution expose et analyse comparativement un ensemble de manuscrits d’Emile Benveniste appartenant à la même période d’écriture (1968 et 1969) et mettant en œuvre un même "contenu" théorique, le couple "sémiotique/sémantique", selon différentes dimensions et postures de l’activité scientifique. Il s’agit de notes préparatoires pour une communication dans le cadre d’un symposium (Symposium de Varsovie, 25 août-1er septembre 1968), de notes et de brouillons correspondant à l’article « Sémiologie de la langue » (publié dans Semiotica en 1969), et de notes préparatoires pour le dernier cours de Benveniste au Collège de France (1er décembre 1969). Nous examinons deux hypothèses. La première a trait à la configuration d’un genre : dans la mesure où les documents étudiés relèvent de la même période d’écriture, nous posons que les différences observables dans l’énonciation du contenu théorique sont à rapporter aux différents types discursifs représentés — communication, article, cours — qui participent à la structuration « interne » du genre du discours scientifique. Notre seconde hypothèse, liée à la précédente, porte sur la construction d’un concept, le couple « sémiotique/sémantique » en l’occurrence. L’étude comparative des manuscrits nous amène à considérer la genèse de ce couple selon différents points de vue — énonciatif, lexico-conceptuel et sémiotico-graphique. Nous montrons ainsi que c’est dans la coexistence des différentes formulations observables d’un manuscrit à l’autre que le contenu conceptuel s’élabore, en même temps que se dégage ce qui apparaît comme un noyau définitionnel stable pour ce couple qui permet de voir « pour la langue deux manières d’être langue ».
|