Summary: | Dans le cadre du respect des normes éthiques internationales, le Centre International de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF) a décidé il y a plusieurs années d’améliorer les conditions de vie de ses grands singes, gorilles et chimpanzés, en les plaçant dans des sanctuaires au Gabon. Les gorilles ont déjà tous rejoint le Projet Gorille Fernan Vaz (Ogooué Maritime). Les chimpanzés iront dans un sanctuaire dans la région de Gamba (Ogooué Maritime). Une ONG de droit gabonais, indépendante du CIRMF, est en cours de création et les chimpanzés du CIRMF lui seront confiés. Cette ONG se chargera de toute la gestion du projet sur le long terme. L’impact d’un tel projet doit largement dépasser l’objectif de l’amélioration des conditions de vie des chimpanzés. Son développement doit se faire de manière transversale, c’est-à-dire qu’il doit permettre la mise en place d’activités annexes comme le tourisme de vision et l’agriculture dont la production servira à nourrir les chimpanzés, mais également à approvisionner les marchés locaux en fruits et légumes. Les communautés locales sont, en effet, d’autant plus réceptives aux exigences de conservation qu’elles peuvent bénéficier d’une partie des revenus tirés du tourisme et de l’agriculture et c’est donc ce modèle de gestion intégrée où la communauté prend part au projet qui nous donne un gage de succès et de pérennité. Le tourisme de vision s’intègre parfaitement dans cette région du Gabon connue sous le nom de Complexe d’Aires Protégées de Gamba (CAPG) puisqu’elle se situe entre deux parcs nationaux : le parc national de Loango, le joyau des parcs nationaux du Gabon et celui de Moukalaba Doudou, dont la richesse écosystémique présente également un intérêt touristique évident. Non loin de Gamba se situe également la lagune du Fernan Vaz et c’est cet ensemble qui permet d’inscrire notre futur projet dans un circuit touristique cohérent. L’impact du projet agricole sur l’environnement doit être minime et l’approche classique de l’agriculture locale qui consiste à défricher la forêt et brûler les terres pour cultiver doit être évitée. C’est pourquoi nous planifions de développer, en partenariat avec l’Institut Gabonais d’Appui au Développement (IGAD), un projet d’agroécologie de manière à optimiser et pérenniser l’utilisation des terres exploitées. Les défis à relever pour ce projet d’agroécologie sont doubles. Ils tiennent d’abord au fait que ce projet sera implanté dans une région majoritairement sablonneuse où les sols sont pauvres et où des connaissances spécifiques d’agronomie doivent permettre de limiter l’utilisation d’intrants phytosanitaires. D’autre part, la région de Gamba est fortement pourvue en éléphants. Il s’agira alors d’être capable d’éviter les destructions des plantations par ces pachydermes. Montrer qu’il est possible de gérer le conflit hommes/éléphants par la protection efficace des plantations avec des mesures novatrices et la mutualisation des moyens constituera une solution encourageante pour tous les paysans de la sous-région d’Afrique Centrale et un signal très fort pour le milieu de la conservation. En définitive, la valeur intrinsèque de ce projet réside non seulement dans l’amélioration des conditions de vie des chimpanzés du CIRMF, mais également dans la création d’emplois locaux, dans le renforcement de l’offre touristique, dans l’initiation d’un projet agricole dans une région jusque-là peu tournée vers la culture vivrière, et dans l’apport de solutions novatrices pour l’exploitation des terres et la gestion du conflit hommes/éléphants. Nous espérons que cette approche holistique entrainera une adhésion forte de la population locale dont le libre arbitre permettra certainement d’avoir une visibilité sur le long terme dans la gouvernance de ce projet.Je souhaite remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué ou qui participent à ce projet et plus particulièrement Anaïs Herbert, Sébastien Koumba de l’Institut Gabonais d’Appui au Développement (IGAD), Debby Cox de Jane Goodall Institute (JGI), Pierre Brice Maganga de World Wide Fund (WWF), Lee Ann Rottman de Tampa’s Lowry Park Zoo, Angélique Todd et Dr Aurélie Flore Koumba Pambo de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et Laura Darby de Great Apes Survival Partnership (GRASP).
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