Summary: | Le discours sur la ponctuation a longtemps été conditionné par l'opposition entre critères prosodiques (pneumatiques) et critères syntaxiques et sémantiques. Nous nous proposons de sonder diachroniquement, à partir des discours autorisés, cette tension constitutive de la morphogénèse de la ponctuation, en formulant l'hypothèse suivante : il existe un mouvement d'inclusion progressive des signes de ponctuation dans le système de la langue.
Depuis les approches plus volontiers phonocentristes, liées à la pratique orale de la lecture, jusqu'aux courants phonograhique (Catach, Védénina) et autonomiste (Anis), en passant par la période charnière du XVIIIème siècle et l'émergence de la notion de phrase, apparaît un infléchissement constant vers une forme d'encodage grammatical. Ce mouvement, qui peut être apparenté à un processus plus global de transformations linguistiques (grammaticalisation), semble avoir trouvé un aboutissement avec la proposition de J. Authier-Revuz (1995) d'établir, pour chaque signe de ponctuation, un signifié ou une « valeur en langue », servant de point de départ à l'infinité des interprétations discursives. Les travaux plus récents de J. Lefebvre, sur la note de bas de page (2004), ou de S. Pétillon (2002) et I. Serça (2004), sur les parenthèses et les tirets, se situent dans cette lignée, en proposant une analyse linguistique et/ou stylistique des éléments ponctuants.
Tenter de mettre à jour une valeur globale du signe de ponctuation contribue à faire de ce dernier un signe plein, c'est-à-dire un ponctème, doté d'un signifiant (graphique) et d'un signifié. Et permet alors de s'interroger véritablement sur sa nature sémiotique, à savoir sa place dans le système de la langue.
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