D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?

<p>Fruit d’une enquête ethnographique auprès des correspondants de la presse étrangère en Israël dans les années 2000, cet article analyse la façon dont les relations des journalistes avec les différents états et nations (y compris les leurs) impliqués dans le conflit, affectent leur travail....

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Jérôme Bourdon
Format: Article
Language:English
Published: Université Libre de Bruxelles 2013-12-01
Series:Sur le Journalisme
Subjects:
Online Access:http://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/article/view/99
id doaj-b2b83ec034ef4addbce1cafb1e0d0f98
record_format Article
collection DOAJ
language English
format Article
sources DOAJ
author Jérôme Bourdon
spellingShingle Jérôme Bourdon
D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
Sur le Journalisme
Correspondants étrangers, nouvelles de l’étranger, conflit israélo-palestinien, identité nationale.
author_facet Jérôme Bourdon
author_sort Jérôme Bourdon
title D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
title_short D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
title_full D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
title_fullStr D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
title_full_unstemmed D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?
title_sort d’étranges étrangers. qui gouverne les correspondants de jérusalem ?
publisher Université Libre de Bruxelles
series Sur le Journalisme
issn 2295-0710
2295-0729
publishDate 2013-12-01
description <p>Fruit d’une enquête ethnographique auprès des correspondants de la presse étrangère en Israël dans les années 2000, cet article analyse la façon dont les relations des journalistes avec les différents états et nations (y compris les leurs) impliqués dans le conflit, affectent leur travail. Il montre comment les journalistes, en fonction de leurs appartenances nationales ou ethniques, sont sommés de prendre parti vis-à-vis de multiples acteurs, ce qui déstabilise la possibilité d’une couverture « neutre » ou « extérieure » acceptable par tous. Cette déstabilisation est analysée à quatre niveaux. 1. Le monde professionnel des journalistes est traversé par ce conflit qui est perçu comme très proche, « quasiment une affaire de politique intérieure », les divisions étant politiques mais aussi nationales, singulièrement entre journalistes américains et européens. 2. Les journalistes sont sommés par les deux parties au conflit, toutes deux très soucieuses de leur image, l’Etat d’Israël recourant aux brimades – ou à la force vis-à-vis des gens d’image palestiniens, les deux partis étant « assoiffés de médias » ; 3. Les journalistes sont mis en cause en raison de leurs origines juive ou arabe, réelles ou supposées ; 4. Enfin des publics nationaux, proisraéliens ou propalestiniens, que le conflit divise, eux-mêmes dotés de moyens de surveillance et de critique nouveaux (satellites, internet), s’en prennent aux correspondants dont le travail ne correspond pas à leur attente.</p><p>This study is based on an ethnographic investigation of foreign-press correspondents<br />in Israel/Palestine in the year 2000. It analyzes how the journalists’ work is affected by their relationship to the different states and nations (including their own) involved in the Israeli-Palestinian conflict. It shows how journalists, according to their own national or ethnic affiliation, are pressured to take sides by various participants in the conflict, which makes it impossible to produce a “professional” or “neutral” coverage acceptable to all. This inconstancy is analyzed on four levels: 1. Every major covering nation (mostly Western) is politically divided on this conflict which is considered almost a topic of domestic policy. These political divisions overlap the rift between Israeli-leaning US journalists and their more pro-Palestinian European counterparts. 2. The journalists also have complex relations with both parties in the conflict: Israelis and Palestinians. Both parties are quite wary of their public image. In addition, the State of Israel resorts to harassment and military force vis-à-vis Palestinian camera people. 3. Journalists are taken to task over of their religion or ethnicity, real or imagined. 4. Finally, journalists are confronted by their heterogeneous national public, which monitors them (a task made much easier by the evolution of technology like satellite and Internet), and criticizes their work when it does not correspond to expectations.</p><p>Fruto de uma pesquisa etnográfica junto a correspondentes da imprensa estrangeira em Israel em 2000, este artigo analisa a maneira como as relações dos jornalistas com diferentes estados e nações (incluindo suas próprias) envolvidos no conflito afetam o seu trabalho. Mostra como os jornalistas, em função de seus pertencimentos nacionais ou étnicos, são intimados a tomar partido face a múltiplos atores, o que desestabiliza a possibilidade de uma cobertura “neutra” ou “exterior” aceitável a todos. Essa desestabilização é analisada em quatro níveis: 1. O mundo profissional dos jornalistas, atravessado por esse conflito, percebido como algo muito próximo, “quase um assunto de política interna”; tais divisões são políticas mas também nacionais, especialmente entre jornalistas americanos e europeus; 2. Os jornalistas são intimados pelas duas partes do conflitos, ambas bastante atentas à sua imagem, o Estado de Israel recorrendo a insultos – ou à força junto a pessoas com aparências de palestinos –, e as duas partes se mostrando “ávidas pela mídia”. 3. Os jornalistas são questionados por conta de suas origens judaicas ou árabes, reais ou presumidas; 4. Finalmente, os públicos nacionais, pró-israel ou pró-palestina, divididos pelo conflito, são eles próprios dotados de novos meios de vigilância e crítica (satélites, internet), se direcionando aos correspondentes cujo trabalhado não atende à suas expectativas.</p>
topic Correspondants étrangers, nouvelles de l’étranger, conflit israélo-palestinien, identité nationale.
url http://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/article/view/99
work_keys_str_mv AT jeromebourdon detrangesetrangersquigouvernelescorrespondantsdejerusalem
_version_ 1716771939032236032
spelling doaj-b2b83ec034ef4addbce1cafb1e0d0f982020-11-24T21:04:07ZengUniversité Libre de BruxellesSur le Journalisme2295-07102295-07292013-12-012214415946D’étranges étrangers. Qui gouverne les correspondants de Jérusalem ?Jérôme Bourdon0Université de Tel Aviv<p>Fruit d’une enquête ethnographique auprès des correspondants de la presse étrangère en Israël dans les années 2000, cet article analyse la façon dont les relations des journalistes avec les différents états et nations (y compris les leurs) impliqués dans le conflit, affectent leur travail. Il montre comment les journalistes, en fonction de leurs appartenances nationales ou ethniques, sont sommés de prendre parti vis-à-vis de multiples acteurs, ce qui déstabilise la possibilité d’une couverture « neutre » ou « extérieure » acceptable par tous. Cette déstabilisation est analysée à quatre niveaux. 1. Le monde professionnel des journalistes est traversé par ce conflit qui est perçu comme très proche, « quasiment une affaire de politique intérieure », les divisions étant politiques mais aussi nationales, singulièrement entre journalistes américains et européens. 2. Les journalistes sont sommés par les deux parties au conflit, toutes deux très soucieuses de leur image, l’Etat d’Israël recourant aux brimades – ou à la force vis-à-vis des gens d’image palestiniens, les deux partis étant « assoiffés de médias » ; 3. Les journalistes sont mis en cause en raison de leurs origines juive ou arabe, réelles ou supposées ; 4. Enfin des publics nationaux, proisraéliens ou propalestiniens, que le conflit divise, eux-mêmes dotés de moyens de surveillance et de critique nouveaux (satellites, internet), s’en prennent aux correspondants dont le travail ne correspond pas à leur attente.</p><p>This study is based on an ethnographic investigation of foreign-press correspondents<br />in Israel/Palestine in the year 2000. It analyzes how the journalists’ work is affected by their relationship to the different states and nations (including their own) involved in the Israeli-Palestinian conflict. It shows how journalists, according to their own national or ethnic affiliation, are pressured to take sides by various participants in the conflict, which makes it impossible to produce a “professional” or “neutral” coverage acceptable to all. This inconstancy is analyzed on four levels: 1. Every major covering nation (mostly Western) is politically divided on this conflict which is considered almost a topic of domestic policy. These political divisions overlap the rift between Israeli-leaning US journalists and their more pro-Palestinian European counterparts. 2. The journalists also have complex relations with both parties in the conflict: Israelis and Palestinians. Both parties are quite wary of their public image. In addition, the State of Israel resorts to harassment and military force vis-à-vis Palestinian camera people. 3. Journalists are taken to task over of their religion or ethnicity, real or imagined. 4. Finally, journalists are confronted by their heterogeneous national public, which monitors them (a task made much easier by the evolution of technology like satellite and Internet), and criticizes their work when it does not correspond to expectations.</p><p>Fruto de uma pesquisa etnográfica junto a correspondentes da imprensa estrangeira em Israel em 2000, este artigo analisa a maneira como as relações dos jornalistas com diferentes estados e nações (incluindo suas próprias) envolvidos no conflito afetam o seu trabalho. Mostra como os jornalistas, em função de seus pertencimentos nacionais ou étnicos, são intimados a tomar partido face a múltiplos atores, o que desestabiliza a possibilidade de uma cobertura “neutra” ou “exterior” aceitável a todos. Essa desestabilização é analisada em quatro níveis: 1. O mundo profissional dos jornalistas, atravessado por esse conflito, percebido como algo muito próximo, “quase um assunto de política interna”; tais divisões são políticas mas também nacionais, especialmente entre jornalistas americanos e europeus; 2. Os jornalistas são intimados pelas duas partes do conflitos, ambas bastante atentas à sua imagem, o Estado de Israel recorrendo a insultos – ou à força junto a pessoas com aparências de palestinos –, e as duas partes se mostrando “ávidas pela mídia”. 3. Os jornalistas são questionados por conta de suas origens judaicas ou árabes, reais ou presumidas; 4. Finalmente, os públicos nacionais, pró-israel ou pró-palestina, divididos pelo conflito, são eles próprios dotados de novos meios de vigilância e crítica (satélites, internet), se direcionando aos correspondentes cujo trabalhado não atende à suas expectativas.</p>http://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/article/view/99Correspondants étrangers, nouvelles de l’étranger, conflit israélo-palestinien, identité nationale.