Summary: | Intervenant sur l’« état de nature comme modèle et miroir de la guerre civile », Ninon Grangé s’interroge sur l’oxymoron que constitue le couple barbarie/cité au nom d’un recouvrement de la politique par l’humanisation. La guerre civile complexifie les rapports politiques et n’est pas une régression dans la mesure où, contrairement à l’état de nature, il ne s’agit pas d’une hypothèse d’étude de nature fictionnelle : à ce titre elle est un arrêt plus qu’une rupture, une anomalie, un envers, un dérèglement du modèle de l’État qui, selon Hobbes, ne s’édifie pas contre la guerre mais contre la guerre civile (les conflits perpétuels entre les États relevant d’une sorte d’état de nature des républiques). Guerre et guerre civile posent le problème d’une permanence de l’état de nature au cœur même de l’état social. Le mode de sortie de ce paradoxe peut être perçu dans la question de l’amnistie (qui consiste à « ne pas rappeler les malheurs » selon l’étymologie grecque) comme nouveau départ de l’histoire et abolition de la distance entre les ennemis.
|