Summary: | L’appréhension de l’altérité linguistique et culturelle par l’institution scolaire tend souvent à renvoyer les individus à de supposées origines et à les y cantonner. La pédagogie interculturelle, bien qu’elle puisse engendrer des effets de reconnaissance non négligeables, se caractérise souvent, dans la pratique, par des démarches comparatistes relativement artificielles. La mise en oeuvre de Discussions à Visée Philosophique (DVP) auprès d’élèves allophones nouvellement arrivés en France cherche à éviter la tendance culturaliste qui fait de la langue-culture une ressource en elle-même. Elle favorise les échanges plurilingues et interculturels mais toujours au travers des subjectivités individuelles. L’organisation interactionnelle et collaborative de la DVP rend les élèves acteurs de leur apprentissage : ils deviennent les premières ressources de la réflexion philosophique. Ils la co-construisent avec l’aide de leurs camarades et de l’enseignant, à travers un discours qu’ils interrogent constamment. Un outil particulier vient également soutenir les échanges : le « dessin réflexif » (Molinié, 2010). Ce dispositif pédagogique pourrait alors participer à la formation d’une « éducation plurilingue et interculturelle », telle qu’elle est promue par le Conseil de l’Europe (Beacco et al., 2010).
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