Préservation de la morphologie, chez les malades Alzheimer au stade sévère de la maladie
L’objet de cette communication sera de montrer comment une compétence morphologique implicite résiste à l’avancée de la maladie d’Alzheimer. Nous illustrerons notre propos par les résultats de deux études visant à étudier les capacités sémantiques des patients, à travers la compréhension et la produ...
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Format: | Article |
Language: | English |
Published: |
EDP Sciences
2016-01-01
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Series: | SHS Web of Conferences |
Online Access: | http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20162715002 |
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doaj-ab064d8e34644b44852a0557a1c9fe982021-02-02T01:19:24ZengEDP SciencesSHS Web of Conferences2261-24242016-01-01271500210.1051/shsconf/20162715002shsconf_cmlf2016_15002Préservation de la morphologie, chez les malades Alzheimer au stade sévère de la maladieDevevey AlainL’objet de cette communication sera de montrer comment une compétence morphologique implicite résiste à l’avancée de la maladie d’Alzheimer. Nous illustrerons notre propos par les résultats de deux études visant à étudier les capacités sémantiques des patients, à travers la compréhension et la production des marques morphologiques. Nous chercherons à aborder la catégorisation non pas d’après un modèle taxinomique (Rosch), mais à travers les informations véhiculées par la morphologie. Nous nous appuierons sur des études montrant que les propriétés des signes linguistiques notamment, déterminent la structuration des catégories (Dubois et Poitou). Nous montrerons que les patients atteints de maladie d’Alheimer utilisent l’information morphologique (lexicale et dérivationnelle) pour réaliser une tâche d’inclusion catégorielle. A cette fin nous avons proposé à 30 patients MA ainsi qu’à 30 témoins, une tâche d’inclusion catégorielle. Nous avons créé un protocole expérimental constitué d’items faisant intervenir 3 variables : (1) appartenance ou non à la catégorie “Arbre” ou “Métier”, (2) avec ou sans morphème dérivationnel “–ier” et (3) morphème lexical lié (ou pseudo-lié) ou non lié au fruit/fonction. L’objectif était de mettre en exergue les effets respectifs du morphème lexical et du morphème dérivationnel. L’analyse des résultats révèle que l’information conjuguée portée par morphème lexical et le morphème dérivationnel “–ier” est opérante, pour les malades comme pour les témoins. Les malades utilisent davantage les informations portées par la langue que les témoins. Il existe donc une robustesse de la morphologique, en mémoire implicite, qui permet aux sujets de répondre à la tâche d’inclusion catégorielle. Ainsi, les difficultés lexico-sémantiques des patients ne se posent pas uniquement en terme de difficulté d’accès ou de perte des représentations sémantiques ainsi que le suppose la psychologie cognitive, puisque patients et témoins peuvent traiter les items comme signes linguistiques. La deuxième étude que nous présenterons est centrée sur la production des néoformes, à partir de l’analyse de corpus d’une patiente porteuse de la Maladie d’Alzheimer au stade sévère. Nous tenterons de montrer comment ces manifestations, dont le nombre augmente avec l’avancée de la maladie sont à considérer, non pas comme la marque d’une désintégration irréversible du langage mais comme de véritables mécanismes de compensation, qui revêtent les caractéristiques morpholexicales et morphosyntaxiques du code linguistique. Ces deux études tendent à démontrer que les productions, apparemment dépourvues de sens, peuvent en réalité être considérées comme des idiolectes. Ces idiolectes restent dépendants, même au stade ultime de l’évolution de la maladie, des règles du code linguistique, implicitement construites par chaque sujet. Les troubles du langage, dans le cadre des maladies neurodégénératives, ne peuvent donc être considérés sous l’aspect d’une “perte du langage” voire d’un “désapprentissage de la langue”.http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20162715002 |
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L’objet de cette communication sera de montrer comment une compétence morphologique implicite résiste à l’avancée de la maladie d’Alzheimer. Nous illustrerons notre propos par les résultats de deux études visant à étudier les capacités sémantiques des patients, à travers la compréhension et la production des marques morphologiques. Nous chercherons à aborder la catégorisation non pas d’après un modèle taxinomique (Rosch), mais à travers les informations véhiculées par la morphologie. Nous nous appuierons sur des études montrant que les propriétés des signes linguistiques notamment, déterminent la structuration des catégories (Dubois et Poitou). Nous montrerons que les patients atteints de maladie d’Alheimer utilisent l’information morphologique (lexicale et dérivationnelle) pour réaliser une tâche d’inclusion catégorielle. A cette fin nous avons proposé à 30 patients MA ainsi qu’à 30 témoins, une tâche d’inclusion catégorielle. Nous avons créé un protocole expérimental constitué d’items faisant intervenir 3 variables : (1) appartenance ou non à la catégorie “Arbre” ou “Métier”, (2) avec ou sans morphème dérivationnel “–ier” et (3) morphème lexical lié (ou pseudo-lié) ou non lié au fruit/fonction. L’objectif était de mettre en exergue les effets respectifs du morphème lexical et du morphème dérivationnel. L’analyse des résultats révèle que l’information conjuguée portée par morphème lexical et le morphème dérivationnel “–ier” est opérante, pour les malades comme pour les témoins. Les malades utilisent davantage les informations portées par la langue que les témoins. Il existe donc une robustesse de la morphologique, en mémoire implicite, qui permet aux sujets de répondre à la tâche d’inclusion catégorielle. Ainsi, les difficultés lexico-sémantiques des patients ne se posent pas uniquement en terme de difficulté d’accès ou de perte des représentations sémantiques ainsi que le suppose la psychologie cognitive, puisque patients et témoins peuvent traiter les items comme signes linguistiques. La deuxième étude que nous présenterons est centrée sur la production des néoformes, à partir de l’analyse de corpus d’une patiente porteuse de la Maladie d’Alzheimer au stade sévère. Nous tenterons de montrer comment ces manifestations, dont le nombre augmente avec l’avancée de la maladie sont à considérer, non pas comme la marque d’une désintégration irréversible du langage mais comme de véritables mécanismes de compensation, qui revêtent les caractéristiques morpholexicales et morphosyntaxiques du code linguistique. Ces deux études tendent à démontrer que les productions, apparemment dépourvues de sens, peuvent en réalité être considérées comme des idiolectes. Ces idiolectes restent dépendants, même au stade ultime de l’évolution de la maladie, des règles du code linguistique, implicitement construites par chaque sujet. Les troubles du langage, dans le cadre des maladies neurodégénératives, ne peuvent donc être considérés sous l’aspect d’une “perte du langage” voire d’un “désapprentissage de la langue”. |
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