Summary: | La comparaison est une figure omniprésente dans l’écriture de Marcel Proust. Parmi les quelque deux mille exemples recensés dans À la recherche du temps perdu, il est des configurations particulières où le terme comparant apparaît dans le voisinage immédiat d’un propos rapporté au mode direct et remplit dès lors une fonction de commentaire interstitiel ; de ce fait, le procédé analogique s’attache à éclaircir non pas le dit mais la manière du dire, les intentions secrètes et les sentiments qui sous-tendent l’énonciation des personnages. Dans le présent article, il s’agira, dans un premier temps, d’analyser les caractéristiques formelles et stylistiques de ces comparaisons « méta-énonciatives », pour mettre ensuite en évidence les innovations que Proust – de par son attention au rendu des traits paraverbaux, au déchiffrement des signes imperceptibles qui affleurent dans et par le langage et dévoilent la vérité intime des énonciateurs – apporte à la représentation narrative des dialogues. Nous soutiendrons pour conclure que le traitement proustien des actes énonciatifs anticipe les recherches menées par Nathalie Sarraute autour des notions de « tropisme » et de « sous-conversation ».
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