Summary: | La communication des primates humains et non-humains diffère en plusieurs points. Les humains basent notamment leurs échanges communicatifs sur des connaissances et des conventions communes. Au cours de cette étude, nous avons donc testé la capacité des bonobos (Pan paniscus) à prendre en compte la familiarité, c’est-à-dire l’historique d’interactions partagées, lorsqu’ils doivent communiquer avec un partenaire humain pour obtenir de la nourriture. Dans ce but, deux expérimentateurs (un familier et un inconnu) ont testé 10 sujets dans cinq conditions expérimentales différentes. Les résultats nous ont permis de vérifier que les bonobos, à l’instar d’autres grands singes, ajustent de manière appropriée le type de signaux transmis en prenant non seulement en compte le niveau d’attention visuelle du récepteur, mais également en évaluant leur propre réussite à communiquer un objectif. Nous avons surtout pu mettre en évidence que, lorsqu’ils ne parviennent pas à atteindre leur objectif, la stratégie communicative des sujets diffère en fonction de l’expérimentateur. Lorsque celui-ci est familier, les sujets persistent plus souvent, c’est-à-dire qu’ils répètent les signaux qui se sont avérés efficaces lors de précédentes interactions ; lorsque l’expérimentateur est inconnu, ils les élaborent plus souvent en utilisant de nouveaux signaux. Ces résultats sont comparables à ceux mis en évidence chez des enfants de deux ans tentant de corriger un malentendu avec un parent ou un étranger. Nous mettrons en relation ces résultats avec la capacité des humains à développer des conventions, une caractéristique importante du langage humain.
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