La crise contemporaine, une crise de la modernité technique The contemporary crisis as a crisis of modern technique La crisis contemporánea, una crisis de la modernidad técnica

La crise financière et la crise écologique sont les manifestations d’une crise plus globale et profonde, la crise de nos rapports à la nature et à la société, caractérisés par une volonté de maîtrise étendue, une instrumentalisation et une artificialité croissantes. Mais malgré la puissance des outi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Hélène Tordjman
Format: Article
Language:English
Published: Association Recherche & Régulation 2011-12-01
Series:Revue de la Régulation
Subjects:
Online Access:http://regulation.revues.org/9456
Description
Summary:La crise financière et la crise écologique sont les manifestations d’une crise plus globale et profonde, la crise de nos rapports à la nature et à la société, caractérisés par une volonté de maîtrise étendue, une instrumentalisation et une artificialité croissantes. Mais malgré la puissance des outils et techniques modernes, les sociétés sont globalement de plus en plus fragiles, et la recherche de l’efficacité se retourne contre elle-même, engendrant des situations inefficientes voire absurdes. Ce phénomène de contreproductivité, mis en lumière par Ivan Illich dans les années soixante-dix, se repère pareillement dans la sphère financière et dans les relations que l’homme d’aujourd’hui entretient avec la nature. On montre qu’il trouve son origine dans la domination de la rationalité instrumentale et la tendance à l’autonomie de la technique moderne. Puis on en étudie deux expressions particulières. Dans le domaine de la finance, les enchaînements à l’œuvre depuis les subprimes témoignent de la manière dont les outils dévolus à une meilleure gestion des risques ont contribué au contraire à accroître le risque global. D’une façon similaire, le système agricole productiviste qui tend à devenir la norme aujourd’hui engendre de multiples nuisances et effets pervers, qu’on pense résoudre en faisant un pas de plus dans la même direction.<br>Financial and ecological crises are manifestations of a deeper crisis pertaining to the ways we relate to nature and society, increasingly instrumental and artificial, as if we were controling every interaction. But however big and powerfull the means and techniques, contemporary societies are becoming more and more fragile, and looking for efficiency tends to have adverse and contrary effects. Such a phenomenon of counterproductivity, as it was analyzed by Ivan Illich in the seventies, can be seen in finance and in man’s relationship with nature. We hint at its origins : the domination of instrumental rationality, and the relative autonomy of technical development. We continue by studying two empirical expressions of counterproductivity. The unfolding financial crisis highlights how the very means of a more efficient risk managment have contributed to an increase in global risk. Similarily, the pervasiveness of intensive agricultural systems all over the world leads to multiple nuisances and contradictions which, it is believed, will be solved by one more step in the same direction.<br>La crisis financiera y la crisis ecológica son manifestaciones de una crisis global y profunda, la crisis de nuestras relaciones con la naturaleza y la sociedad, caracterizadas por una voluntad de dominio extendido, una instrumentalización y una artificialidad crecientes. Pero a pesar de la potencialidad de las herramientas y técnicas modernas, las sociedades son cada vez más frágiles, y la búsqueda de la eficacia se vuelve contra ella misma, engendrando situaciones ineficientes y al mismo tiempo absurdas. Este fenómeno de contraproductividad, puesto en evidencia por Ivan Illich en los años sesenta, se puede reencontrar en la esfera financiera y en las relaciones que en nuestros días mantiene el hombre con la naturaleza. Se muestra que ello encuentra sus orígenes en la dominación de la racionalidad instrumental y la tendencia a la autonomía de la técnica moderna. En otra parte del artículo se estudian dos expresiones particulares. En el dominio de las finanzas, los encadenamientos que se establecieron después de los suprimes dan testimonio de la manera en que las herramientas buscadas para llevar a cabo una mejor gestión del riesgo, por el contrario han incrementado el riesgo global. De manera similar, el sistema agrícola productivista que tiende a convertirse en la norma en nuestros días, engendra múltiples daños y efectos perversos, que se piensa poder resolver haciendo un paso más en la misma dirección.
ISSN:1957-7796