Conséquence de la crise financière ou crise d’une forme de capitalisme : la faillite des Big Three Consequence of the financial crisis or crisis of a type of capitalism: The bankruptcy of the Big Three Consecuencia de la crisis financiera o crisis de una forma de capitalismo : la quiebra de las « Big Three »

Les constructeurs automobiles américains n’ont pas été les victimes malheureuses de la crise financière qui les aurait empêchés de se redresser à temps. L’aggravation des inégalités sociales à partir des années 1980 a fait émerger notamment une demande de véhicules onéreux, les light-trucks. Elle s’...

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Bibliographic Details
Main Authors: Michel Freyssenet, Bruno Jetin
Format: Article
Language:English
Published: Association Recherche & Régulation 2011-06-01
Series:Revue de la Régulation
Subjects:
Online Access:http://regulation.revues.org/9233
Description
Summary:Les constructeurs automobiles américains n’ont pas été les victimes malheureuses de la crise financière qui les aurait empêchés de se redresser à temps. L’aggravation des inégalités sociales à partir des années 1980 a fait émerger notamment une demande de véhicules onéreux, les light-trucks. Elle s’est révélée très rentable pour GM, Ford et Chrysler et leur a permis de prospérer tout au long des années 1990 malgré la concurrence des constructeurs japonais. L’externalisation d’une part croissante de la production et la diversification dans les services devait en outre renforcer la profitabilité. L’éclatement de la bulle internet en 2000 révéla le mirage de la « nouvelle économie » et l’externalisation, combinée aux engagements de l’entreprise pour assurer les pensions de retraite, entraîna une hausse inexorable des coûts salariaux des Big Three et une baisse des profits dès 2005. L’accroissement de l’endettement des ménages maintint artificiellement les ventes jusqu’au dénouement final. Les Big Three ont directement contribué à ce que la crise advienne, en adhérant à la « nouvelle économie » et en mettant en œuvre ses recettes. La question est de savoir s’ils avaient une alternative.<br>American carmakers were not unfortunate victims of some financial crisis that got in the way of their recovery. The aggravation of the social inequalities in United States as from the years 1980 gave rise to a demand for expensive vehicles, the light-trucks. It appeared very profitable for GM, Ford and Chrysler and their allowed to thrive, in spite of the competition of the Japanese constructors. The increasing outsourcing of the production and the diversification in the services were to reinforce profitability. The bursting of Internet bubble in 2000 revealed the mirage of the “new economy”. The outsourcing combined with engagements of the company to ensure the retirement pensions involved an inexorable rise of the salary costs of Big Three and a fall of the profits since 2005. The continuation of the running into debt of the households artificially maintained the sales until the final outcome. The Big Three were direct contributors to their own problems, first and foremost through their adherence to “new economy” precepts and efforts to implement its recipes. The question is whether they ever had an alternative.<br>Los constructores de automóviles americanos no han sido las víctimas desgraciadas de una crisis financiera que les habría impedido de recuperarse a tiempo. La agravación de las desigualdades sociales a partir de los años 1980 hizo emerger una demanda de vehículos onerosos, los light-trucks. Ella se reveló muy rentable para GM, Ford y Chrysler y les ha permitido prosperar a los largo de los años 1990 a pesar de la competencia de los constructores japoneses.  La externalización de una parte creciente de la producción y la diversificación en los servicios debía por otra parte fortalecer la rentabilidad. La explosión de la burbuja Internet en 2000 reveló el milagro de la « nueva economía » y la externalización, combinada con compromisos de las empresas para asegurar pensiones y jubilaciones del personal despedido, que arrastra un incremento inexorable de los costos salariales de las Big Three y la disminución de las tasas de ganancia desde 2005. El incremento del endeudamiento de las familias mantiene artificialmente el nivel de las ventas, hasta el momento del desenlace final. Los Big Three han contribuido directamente a que la crisis arrive, al adherir a la « nueva economía » y poniendo en práctica sus recetas. La cuestión que se plantea es la de saber si ellas tenían otra alternativa.
ISSN:1957-7796