Summary: | Les années 1980 sont marquées par la médiatisation croissante de la crise environnementale. Cette médiatisation conduit à la diffusion de termes spécialisés dans l’espace public. Dans le quotidien français Le Monde, l’expression diversité biologique se trouve dans une relation synonymique avec le néologisme biodiversité. Le Sommet de la Terre à Rio en 1992 conduit à la diffusion élargie des termes. Le néologisme biodiversité est néanmoins privilégié et tend à s’imposer dans les discours portant sur l’environnement. Le contexte de crise environnementale dans lequel émergent les deux expressions conduit à envisager la biodiversité par le prisme des actions humaines – de protection ou de destruction. Entre 1979 et 2018, les gloses de biodiversité et diversité biologique n’indiquent pas de divergences sémantiques entre les deux expressions. Ces gloses témoignent cependant d’une difficulté à attribuer des traits sémantiques clairs aux termes. Les métaphores dont le néologisme biodiversité fait l’objet dessinent deux grandes conceptions du vivant, qui se développent parallèlement : la première, fondée sur une appréhension économique de la nature, se retrouve dans les discours mêmes qui s’opposent au productivisme, alors que la seconde, qui envisage le vivant en dehors de l’intérêt pour l’humain de sa sauvegarde, s’accompagne d’une sollicitation de l’affect du lectorat.
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