Les interprétations des noms de titre familial en emploi non vocatif : l’embrayeur, l’empathie et les plans d’énonciation

Parmi les termes désignant un membre familial, certains, tels que Maman et Papa, ont des caractéristiques communes, différentes des autres vocables « ordinaires ». Nous les appelons noms de titre familial en les distinguant des noms de parenté « ordinaires » tels que mère et père. Dépourvus de déter...

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Bibliographic Details
Main Author: Takagaki Yumi
Format: Article
Language:English
Published: EDP Sciences 2016-01-01
Series:SHS Web of Conferences
Online Access:http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20162706009
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spelling doaj-9592786eea6540d69409f013162606b72021-02-02T00:22:37ZengEDP SciencesSHS Web of Conferences2261-24242016-01-01270600910.1051/shsconf/20162706009shsconf_cmlf2016_06009Les interprétations des noms de titre familial en emploi non vocatif : l’embrayeur, l’empathie et les plans d’énonciationTakagaki YumiParmi les termes désignant un membre familial, certains, tels que Maman et Papa, ont des caractéristiques communes, différentes des autres vocables « ordinaires ». Nous les appelons noms de titre familial en les distinguant des noms de parenté « ordinaires » tels que mère et père. Dépourvus de déterminant, ils désignent automatiquement les membres familiaux de l’énonciateur. Ils s’emploient également sous forme non vocative. Dans ce cas, ils ne sont pas détachés et font partie de la proposition, fonctionnant comme ses composants indispensables. Or, dans cet emploi non vocatif, le référent des noms de titre familial est plus varié. Si dans Comment va maman ? maman peut être l’équivalent de ma mère, on peut imaginer aussi cette question adressée à un enfant pour désigner par ce même mot la mère de son interlocuteur. De plus, dans l’exemple suivant, maman et papa désignent les parents d’une tierce personne : Il n’y a aucune possibilité d’égalité entre les adultes et l’enfant. Il ne peut y avoir qu’un renversement de rôle, et appropriation des attributs supposés spécifiques à l’adulte (par ex. : il met les chaussures de papa, le collier de maman...). Bref, les noms de titre familial peuvent désigner un parent soit de la première personne, soit de la deuxième personne, soit de la troisième personne. Nous considérons cette apparente incohérence comme un problème textuel. Sans déterminant, ils se comportent comme embrayeurs, en ce sens que le référent varie avec la situation d’énonciation. Selon la présence ou l’absence d’empathie, ils peuvent avoir plusieurs interprétations. Deux contraintes (la Hiérarchie d’empathie du thème et la Hiérarchie d’empathie entre les participants dans une interaction verbale) développées par Kuno (1987) et Kuno & Kaburaki (1977) empêchent l’application arbitraire de l’empathie. Combinée avec cette dernière, la célèbre distinction de Benveniste (1966) entre les deux plans d’énonciation discours/histoire peut rendre compte de différentes interprétations des noms de titre familial. Sa version remaniée proposée par Adam (2011) donne une explication encore plus adaptée à ce phénomène.http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20162706009
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description Parmi les termes désignant un membre familial, certains, tels que Maman et Papa, ont des caractéristiques communes, différentes des autres vocables « ordinaires ». Nous les appelons noms de titre familial en les distinguant des noms de parenté « ordinaires » tels que mère et père. Dépourvus de déterminant, ils désignent automatiquement les membres familiaux de l’énonciateur. Ils s’emploient également sous forme non vocative. Dans ce cas, ils ne sont pas détachés et font partie de la proposition, fonctionnant comme ses composants indispensables. Or, dans cet emploi non vocatif, le référent des noms de titre familial est plus varié. Si dans Comment va maman ? maman peut être l’équivalent de ma mère, on peut imaginer aussi cette question adressée à un enfant pour désigner par ce même mot la mère de son interlocuteur. De plus, dans l’exemple suivant, maman et papa désignent les parents d’une tierce personne : Il n’y a aucune possibilité d’égalité entre les adultes et l’enfant. Il ne peut y avoir qu’un renversement de rôle, et appropriation des attributs supposés spécifiques à l’adulte (par ex. : il met les chaussures de papa, le collier de maman...). Bref, les noms de titre familial peuvent désigner un parent soit de la première personne, soit de la deuxième personne, soit de la troisième personne. Nous considérons cette apparente incohérence comme un problème textuel. Sans déterminant, ils se comportent comme embrayeurs, en ce sens que le référent varie avec la situation d’énonciation. Selon la présence ou l’absence d’empathie, ils peuvent avoir plusieurs interprétations. Deux contraintes (la Hiérarchie d’empathie du thème et la Hiérarchie d’empathie entre les participants dans une interaction verbale) développées par Kuno (1987) et Kuno & Kaburaki (1977) empêchent l’application arbitraire de l’empathie. Combinée avec cette dernière, la célèbre distinction de Benveniste (1966) entre les deux plans d’énonciation discours/histoire peut rendre compte de différentes interprétations des noms de titre familial. Sa version remaniée proposée par Adam (2011) donne une explication encore plus adaptée à ce phénomène.
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