La feuille bulozienne
Les réactions du premier public permettent à distance de retrouver la force dérangeante des œuvres : ainsi pour les articles que la Revue des Deux Mondes (Saint-René Taillandier et Brunetière en tête) consacre entre 1857 et 1884 à Flaubert, en se demandant ce que c’est que cette littérature d’esthèt...
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Institut des Textes & Manuscrits Modernes (ITEM)
2013-06-01
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Series: | Flaubert: Revue Critique et Génétique |
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doaj-9220032a2d1b4644a99706aaa59991582020-11-25T03:37:15ZfraInstitut des Textes & Manuscrits Modernes (ITEM)Flaubert: Revue Critique et Génétique1969-61912013-06-01La feuille buloziennePhilippe DufourLes réactions du premier public permettent à distance de retrouver la force dérangeante des œuvres : ainsi pour les articles que la Revue des Deux Mondes (Saint-René Taillandier et Brunetière en tête) consacre entre 1857 et 1884 à Flaubert, en se demandant ce que c’est que cette littérature d’esthète sans morale qui finirait par troubler la tranquillité publique. Dérangeant, Flaubert l’est d’abord par son ton. Sa voix, indifférente, ne trouve pas d’écho dans les idéologies de son temps. Son ironie ne s’associe pas à une indignation précise. Plaire, instruire, idéaliser, moraliser : autant de catégories de la Littérature qui ne valent plus avec ce Flaubert nihiliste, misanthrope, inhumain. Cet amoralisme du roman se trahit dans la représentation par l’omniprésence du monde sensible, du corps : le personnel romanesque de Flaubert est sans volonté, sans conscience morale. L’amoralisme se révèle encore dans le style même : l’art pour l’art est un art sans l’homme. Tel est le scénario d’auteur cohérent que la Revue des Deux Mondes construit au fil des ans et au gré des contributeurs.http://journals.openedition.org/flaubert/2024 |
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Les réactions du premier public permettent à distance de retrouver la force dérangeante des œuvres : ainsi pour les articles que la Revue des Deux Mondes (Saint-René Taillandier et Brunetière en tête) consacre entre 1857 et 1884 à Flaubert, en se demandant ce que c’est que cette littérature d’esthète sans morale qui finirait par troubler la tranquillité publique. Dérangeant, Flaubert l’est d’abord par son ton. Sa voix, indifférente, ne trouve pas d’écho dans les idéologies de son temps. Son ironie ne s’associe pas à une indignation précise. Plaire, instruire, idéaliser, moraliser : autant de catégories de la Littérature qui ne valent plus avec ce Flaubert nihiliste, misanthrope, inhumain. Cet amoralisme du roman se trahit dans la représentation par l’omniprésence du monde sensible, du corps : le personnel romanesque de Flaubert est sans volonté, sans conscience morale. L’amoralisme se révèle encore dans le style même : l’art pour l’art est un art sans l’homme. Tel est le scénario d’auteur cohérent que la Revue des Deux Mondes construit au fil des ans et au gré des contributeurs. |
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