Summary: | En France, à la différence de l’Angleterre et de l’Allemagne, l’industrie du chalutage à vapeur reste longtemps stationnaire. A Lorient, l’arrivée du chalutage à vapeur date de la fin du XIXe siècle. Comment analyser son développement, principale innovation halieutique, sinon comme un levier du développement portuaire et charbonnier? En effet, le chalutage nécessite des aménagements portuaires, la mise en place de liaisons ferroviaires de trains de marée, qui contribuent ainsi à créer un arrière-pays et à développer les importations de charbon. Grâce au chalutage, Lorient, comme La Rochelle et Saint-Malo, connaît un renouveau économique. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la France a un besoin urgent de trois ou quatre ports de pêche spécialisés. Lorient, présentant de nombreux atouts, bénéficie des mannes de l’Etat pour la construction d’un gigantesque complexe portuaire opérationnel en 1927: le port de pêche de Kéroman, incontestable réussite économique. Dès 1929, la flotte des chalutiers à vapeur est progressivement remplacée par des navires motorisés. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, 68% des chalutiers fonctionnent au moteur Diesel. Fait remarquable, le modèle lorientais offre l’exemple original d’un développement d’une industrie du chalutage à vapeur, précisément parce que les gens de mer n’y ont joué aucun rôle primordial; ce sont les industriels du charbon, notamment Emile Marcesche, et les compagnies de chemin de fer qui assurent le développement et la montée en puissance de cette nouvelle industrie pour le port de Lorient.
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