Summary: | Durant la Grande Guerre, le potentiel symbolique de l’enfant fut utilisé de manière abondante, imposant de fait à cette jeunesse française un rôle bien trop lourd à porter. Loin du champ de bataille, tous les moyens sont alors mis en œuvre pour faire intégrer à la nouvelle génération, une haine viscérale de l’ennemi ; c’est ainsi que les parutions illustrées pour la jeunesse apparaissent comme des instruments patriotiques redoutables. Pour autant, si les enfants sont avant tout perçus comme des motifs d’innocence et de pureté, la réalité des années 1914-1918 est toute autre : l’iconographie victimaire est certes bien présente, mais l’exaltation patriotique la surpasse véritablement.
En effet, ces journaux enfantins n’hésitent pas à montrer des cadavres ou des exactions commises envers de jeunes bambins, tandis que certains jouets exhibent la barbarie ou la bêtise de l’ennemi. Plus encore, ces petites histoires imagées encouragent les enfants à piéger, empoisonner ou tuer des soldats allemands au péril de leur propre vie.
Mais d’autres documents sont à mettre en lumière. Ainsi en est-il du conte du Petit Chaperon Rouge, dont les illustrations ont été adaptées au contexte guerrier par Guy Arnoux et Charles Moreau-Vauthier : le loup prend l’apparence d’un officier allemand ; le Petit Chaperon Rouge est vêtu d’une robe tricolore et la grand-mère se nomme à présent Grand’Mère La Paix.
Autant de productions qui ne laissent aucun doute sur l’impact qu’une telle iconographie pouvait avoir sur les enfants, dans un contexte aussi troublé que fût celui de la Grande Guerre.
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