Le territoire que l’on dit : l’espace vécu d’un fabricant de toiles lillois (1882-1892)

Pour comprendre le fonctionnement des territoires de l’industrie, il faut prendre en compte l’espace vécu des acteurs de l’économie. Les carnets de Jules-Emile Scrive-Loyer sont fort précieux en ce sens : en consignant par écrit, chaque soir, ce qu’il retient de sa journée, celui-ci nous offre la po...

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Bibliographic Details
Main Author: Didier Terrier
Format: Article
Language:English
Published: UMR 5136- France, Amériques, Espagne – Sociétés, Pouvoirs, Acteurs (FRAMESPA) 2006-10-01
Series:Les Cahiers de Framespa
Online Access:http://journals.openedition.org/framespa/70
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issn 1760-4761
publishDate 2006-10-01
description Pour comprendre le fonctionnement des territoires de l’industrie, il faut prendre en compte l’espace vécu des acteurs de l’économie. Les carnets de Jules-Emile Scrive-Loyer sont fort précieux en ce sens : en consignant par écrit, chaque soir, ce qu’il retient de sa journée, celui-ci nous offre la possibilité, onze années durant, de saisir la composante subjective de la construction d’un territoire manufacturier. Ses valeurs culturelles, son comportement social et, plus encore, la nature des activités industrielles de ce fabricant de toiles de lin structurent sa lecture des arrangements territoriaux et la place qui est la sienne au sein de cette immense nébuleuse textile. Lille, Roubaux-Tourcoing, Armentières : ces trois systèmes productifs locaux sont perçus de manière fort dissemblable. S’il faut bien coopérer avec les uns et les autres, la méfiance est de mise, et il arrive même que la concurrence devienne une franche hostilité. Le territoire est morcelé et tous s’envient, se jalousent, s’épient. Il faut, en 1889, puis en 1891, deux vagues de grèves pour que se construise un front de classe où la solidarité patronale s’exprime.
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