Du toucher au geste technique : la « technè des corps »
Le geste technique peut être pensé comme l’articulation d’une défaillance à une ouverture. La défaillance d’un corps « sans qualité » et l’ouverture qui, avant même de s’inscrire dans une extériorisation par l’outil, passe par une plasticité ou, pour parler comme Merleau-Ponty, par une « saisie des...
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MSH Paris Nord
2011-11-01
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doaj-78d02583600345c4ba1148a23d4e0bd12020-11-24T22:18:45ZfraMSH Paris NordAppareil2101-07142011-11-01810.4000/appareil.1315Du toucher au geste technique : la « technè des corps »Patricia RibaultLe geste technique peut être pensé comme l’articulation d’une défaillance à une ouverture. La défaillance d’un corps « sans qualité » et l’ouverture qui, avant même de s’inscrire dans une extériorisation par l’outil, passe par une plasticité ou, pour parler comme Merleau-Ponty, par une « saisie des coexistences » propre au toucher. L’efficacité de la technique, la maîtrise du geste puis de l’environnement, l’organisation prothétique du corps repose avant tout sur une plasticité qui permet à l’homme de sortir du strict fonctionnement biologique. C’est en cela qu’il ex-iste, qu’il se tient en dehors des limites de son corps, qui, mystère des origines, est devenu progressivement un organe de perception capable de se réfléchir dans la matière jusqu’à la transformer, jusqu’à modeler une technicité organisée de manière unique au sein du vivant : l’« écotechnie des corps ». C’est en ces termes que Jean-Luc Nancy désigne les corps articulés par la technique, intégrés dans un système d’appareillage qui fait du corps humain un corps connecté, impensable sans ses outils. Tout geste est-il donc d’abord un geste technique ? Cet article propose une analyse ontologique du geste technique à partir de considérations paléontologiques et philosophiques – notamment le concept d’imagination matérielle développé par Gaston Bachelard – avec pour point de départ le sens du toucher comme origine de la prothéticité de l’être humain, et un questionnement sur les limites de ce corps « dressé », dont la maîtrise, ainsi que celle de son milieu, est un enjeu de pouvoir et d’existence, mais aussi un risque.http://journals.openedition.org/appareil/1315appareillageapprentissageartisancorpsdressageefficacité |
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Le geste technique peut être pensé comme l’articulation d’une défaillance à une ouverture. La défaillance d’un corps « sans qualité » et l’ouverture qui, avant même de s’inscrire dans une extériorisation par l’outil, passe par une plasticité ou, pour parler comme Merleau-Ponty, par une « saisie des coexistences » propre au toucher. L’efficacité de la technique, la maîtrise du geste puis de l’environnement, l’organisation prothétique du corps repose avant tout sur une plasticité qui permet à l’homme de sortir du strict fonctionnement biologique. C’est en cela qu’il ex-iste, qu’il se tient en dehors des limites de son corps, qui, mystère des origines, est devenu progressivement un organe de perception capable de se réfléchir dans la matière jusqu’à la transformer, jusqu’à modeler une technicité organisée de manière unique au sein du vivant : l’« écotechnie des corps ». C’est en ces termes que Jean-Luc Nancy désigne les corps articulés par la technique, intégrés dans un système d’appareillage qui fait du corps humain un corps connecté, impensable sans ses outils. Tout geste est-il donc d’abord un geste technique ? Cet article propose une analyse ontologique du geste technique à partir de considérations paléontologiques et philosophiques – notamment le concept d’imagination matérielle développé par Gaston Bachelard – avec pour point de départ le sens du toucher comme origine de la prothéticité de l’être humain, et un questionnement sur les limites de ce corps « dressé », dont la maîtrise, ainsi que celle de son milieu, est un enjeu de pouvoir et d’existence, mais aussi un risque. |
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