Trouble dans le <em>gukuna</em> rwandais: Fémocratie, féminismes et anthropologie critique
L’article reprend l’analyse, au Rwanda et dans la diaspora en Italie depuis deux décennies, du rituel gukuna (allongement des petites lèvres) qui, associé au kunyaza (technique sexuelle masculine), augmente le plaisir comme condition de fertilité. À la fin des années 1990, au début de la recherche,...
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Format: | Article |
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Published: |
Università degli Studi di Cagliari
2020-12-01
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Series: | Anuac |
Online Access: | https://ojs.unica.it/index.php/anuac/article/view/4102 |
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doaj-60aa5d81a2b041b1a797f3d2cf3a447b2021-01-03T11:08:51ZengUniversità degli Studi di CagliariAnuac2239-625X2020-12-0192174310.7340/anuac2239-625X-41024102Trouble dans le <em>gukuna</em> rwandais: Fémocratie, féminismes et anthropologie critiqueMichela FusaschiL’article reprend l’analyse, au Rwanda et dans la diaspora en Italie depuis deux décennies, du rituel gukuna (allongement des petites lèvres) qui, associé au kunyaza (technique sexuelle masculine), augmente le plaisir comme condition de fertilité. À la fin des années 1990, au début de la recherche, cette modification du corps était lisible comme un secret de la sexualité féminine, mais, depuis la moitié des années 2000, on a enregistré sur le terrain une multivocalité des subjectivités impliquées avec l’introduction d’une politique sensible au genre dans le post-génocide qui a vu naître un féminisme d’État et une classe fémocratique. De plus, le film documentaire Eau sacrée (2016) a révélé à un large public le gukuna comme le “ mystère de l’éjaculation féminine ”. Pourtant, dans le langage de l’OMS, il reste une mutilation génitale à “ éradiquer ”. Le gukuna, correctement interprété, révèle et défi les hypothèses culturalistes et victimisantes des représentations hégémoniques sur les modifications génitales et sur les “ femmes africaines ”, soulignant davantage la persistance des moralisations coloniales qui sont enfin récréées dans la raison humanitaire et dans certains féminismes, désormais assumées localement de manière originale. Le but est de déconstruire le discours qui considère le gukuna une “ pratique traditionnelle préjudiciable ” dans le cadre des droits humains des femmes pour engager une réflexion sur le genre dans les politiques du Rwanda contemporain.https://ojs.unica.it/index.php/anuac/article/view/4102 |
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L’article reprend l’analyse, au Rwanda et dans la diaspora en Italie depuis deux décennies, du rituel gukuna (allongement des petites lèvres) qui, associé au kunyaza (technique sexuelle masculine), augmente le plaisir comme condition de fertilité. À la fin des années 1990, au début de la recherche, cette modification du corps était lisible comme un secret de la sexualité féminine, mais, depuis la moitié des années 2000, on a enregistré sur le terrain une multivocalité des subjectivités impliquées avec l’introduction d’une politique sensible au genre dans le post-génocide qui a vu naître un féminisme d’État et une classe fémocratique. De plus, le film documentaire Eau sacrée (2016) a révélé à un large public le gukuna comme le “ mystère de l’éjaculation féminine ”. Pourtant, dans le langage de l’OMS, il reste une mutilation génitale à “ éradiquer ”. Le gukuna, correctement interprété, révèle et défi les hypothèses culturalistes et victimisantes des représentations hégémoniques sur les modifications génitales et sur les “ femmes africaines ”, soulignant davantage la persistance des moralisations coloniales qui sont enfin récréées dans la raison humanitaire et dans certains féminismes, désormais assumées localement de manière originale. Le but est de déconstruire le discours qui considère le gukuna une “ pratique traditionnelle préjudiciable ” dans le cadre des droits humains des femmes pour engager une réflexion sur le genre dans les politiques du Rwanda contemporain. |
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