Écriture et pensée, Pour en finir avec les inégalités d'écriture* !

Anthropologiquement, on peut réaliser à quel point l’invention de l’écriture par son potentiel historique et cognitif bouleverse progressivement et de façon ininterrompue les modes de pensée de l’espèce humaine organisée en communautés de langue. Ainsi, dans les sociétés industrialisées, les pra...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Morinet Christiane
Format: Article
Language:English
Published: EDP Sciences 2014-07-01
Series:SHS Web of Conferences
Online Access:http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20140801078
Description
Summary:Anthropologiquement, on peut réaliser à quel point l’invention de l’écriture par son potentiel historique et cognitif bouleverse progressivement et de façon ininterrompue les modes de pensée de l’espèce humaine organisée en communautés de langue. Ainsi, dans les sociétés industrialisées, les pratiques littératiennes sont devenues centrales au point d’être exigées de chacun des membres d’une communauté de langue. Leur enseignement est alors incontournable. En France, l’école, voulant dépasser l’effet de massification involontairement produit par la politique d’accès d’une classe d’âge entière aux lycées depuis les années 80 (Bautier, Rochex, 1998), remet en chantier ses façons d’enseigner dans l’espoir de contribuer à la démocratisation de l’enseignement des pratiques littératiennes. Toutefois, pour satisfaire cette ambition, la « révolution » intellectuelle que représente l’écriture est à mettre en continuité avec le développement de la parole. L’invention de l’écriture n’écrase pas, mais bien au contraire, stimule le phénomène langagier antérieur qu’est l’oralité, en intensifiant, dans l’espace et le temps, la densité des échanges langagiers. L’effort d’ouverture des lycées à l’ensemble d’une classe d’âge a révélé que le fait d’exposer une génération, toutes classes sociales confondues, aux connaissances telles que l’école les transmettait, n’entraîne pas, pour tous, leur appropriation dynamique. La sociologie du langage (Bautier, 1995) permet de dégager un usage cognitif du langage qui rappelle que les pratiques langagières sont des pratiques sociales. L’écrit dans l’évolution de la pensée possède un statut particulier. Paraphrasant le titre du livre de Bourdieu : Ce que parler veut dire (1982), je me suis demandé : « Ce qu’écrire veut dire ». Par conséquent, quelle est l’influence de l’écriture sur la pensée, développée antérieurement par la seule parole, de façon historique pour les sociétés puis de façon biographique pour chacun. Cette communication voudrait aborder, par ce questionnement anthropologique sur l’écrit, le contexte de la socialisation scolaire des pratiques littératiennes en France.
ISSN:2261-2424