Summary: | Cet article dresse un état des lieux de l'analyse du dialogue de roman depuis trente ans. Il fait remarquer
les difficultés rencontrées par les linguistes à dégager une spécificité du dialogue, empruntant là, et sans le
dire, les outils de la narratologie, ici, mais avec précaution, ceux de l'analyse conversationnelle ou des
discours rapportés. L'évolution des études sur le dialogue montre tout de même une attention grandissante
pour son intégration dans la narration et l'interrogation renouvelée de sa référence extra-textuelle.
L'auteur s'est donc proposé de prendre cinq extraits de dialogue du XIXe siècle et de les comparer, à partir
de ces deux seuls critères. Il fait remarquer qu'au début du siècle, le dialogue est conçu comme un bloc de
texte, autonome, isolé de la masse narrative. Les liens entre la rhétorique et le dialogue contribuent à
renforcer cet isolement, en faisant du dialogue un morceau d'éloquence. Le réalisme s'attaque à cette
représentation, en accentuant les liens du dialogue et de la narration et en proposant des dialogues qui ne
se contentent pas de référer à des réalités verbales. Le naturalisme, à la fin du siècle, a complètement
défait l'isolement du dialogue en l'amalgamant avec la narration. Les résultats historiques de cette étude
sont à approfondir. Mais elle montre, sur plan théorique, la possibilité de s'affranchir des difficiles
questions d'énonciation quand on aborde le dialogue de roman.
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