Summary: | Les études linguistiques et sémiotiques en France entre les années soixante et soixante-dix ont laissé un héritage intellectuel, conceptuel considérable qui peine à trouver sa place aujourd’hui, et cela non pas uniquement dans les débats politique, journalistique et médiatique, mais paradoxalement dans les échanges entre les disciplines universitaires mêmes. Une situation paradoxale car un des acquis de cet héritage était précisément sa visée interdisciplinaire. Dans cet article nous aborderons le cas du dialogue difficile, mais pourtant riche entre linguistique, sémiotique et historiographie. Leur réduction aujourd’hui sous l’étiquette un peu trop généralisatrice du structuralisme n’est pas suffisante, et une lecture plus détaillée doit être réalisée. De ce point de vue l’exemple de Greimas est particulièrement intéressant. Le père de la sémiotique narrative tout en étant parmi les premiers à tendre la main et se lancer dans cet échange interdisciplinaire, demeure finalement un des auteurs le moins connu et le moins débattu de ce qu’on appellera par la suite le ‘’tournant narratif’’ de l’historiographie française. En même temps, le sémioticien a toujours exprimé sa réticence et il n’a pas hésité de critiquer toute application approximative et imprécise des notions sémiotiques dans les études historiques. Une attitude ‘’ferme’’ et ‘’ouverte’’ à la fois qui doit être explicitée. En relisant les trois articles rédigés par Greimas dans lesquels il aborde directement cette question, nous cherchons à trouver l’origine de sa réticence malgré son application, en soulignant les enjeux méthodologiques et épistémologiques mobilisés par le sémioticien qui ne sont pas déterminés uniquement par son approche structuraliste, et puis de repérer les points de désaccord qui ont aboutis finalement à une interruption presque totale de tout dialogue, de tout projet interdisciplinaire entre sémiotique et historiographie. Donc enfin, une impasse définitive ou une suspension provisoire, mais à quel prix?
|