Summary: | Dans les recherches antérieures sur les articles, il est communément admis que le défini présente le référent comme déjà connu, alors que l’indéfini présente le référent comme non identifiable par l’interlocuteur. Or, il existe des cas où l’indéfini est employé pour un référent identifiable par l’interlocuteur, comme dans « Parce qu’une petite fille a vu ou a cru voir le Père Noël, il y a une demi-heure que vous me questionnez comme si j’avais commis un crime. » (Simenon, Un Noël de Maigret) Par ailleurs, linguistes et philosophes séparent la lecture spécifique et la lecture non-spécifique pour l’indéfini dans les contextes opaques, tandis que Donnellan propose la distinction entre usage référentiel et usage attributif pour le défini. Dans cet article, nous montrerons que l’indéfini qui est employé pour un référent déjà connu est un indéfini spécifique et attributif et que ce type d’indéfini apparaît toujours dans un contexte conflictuel avec une valeur polémique. Se dégage de notre analyse que l’indéfini en question effectue une opération d’attribution ainsi qu’une opération de reclassification ou redéfinition d’un référent : si le locuteur emploie l’indéfini pour un référent parfaitement identifié, c’est qu’il entend remettre en question la classe à laquelle appartient son référent. Et c’est justement cette opération de reclassification ou redéfinition en tant que telle qui signale un contexte conflictuel et du même coup une valeur polémique.
|