Summary: | Dans le contexte désormais très transformé où vivent les Meru Tigania-Igembe, agro-éleveurs établis au nord-est du mont Kenya, dotés autrefois d’un système politique de classes de générations, l’article examine la différenciation des jeunesses et les modalités des limites d’âges. À l’encontre des idées reçues, le passage à l’échelon suivant n’était ni automatique ni dénué de fortes tensions, et la jeunesse était bien autre chose que cette phase intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte, ce dont la société et la culture concernées témoignent au travers de récits, de règles et d’un vocabulaire particulier visant à en traiter. De nos jours, sous l’effet de la scolarisation généralisée, de nouvelles catégorisations de la jeunesse sont apparues, se surimposant ou se substituant à d’anciennes. Toujours prégnante, la question clé des initiations s’est déplacée, opérant une désynchronisation majeure des parcours des filles et des garçons. L’article entend contribuer à une anthropologie de la jeunesse envisagée ici du point de vue de ses limites, et vise à remettre à sa juste place le rite de passage dans des processus qui relèvent tout autant des trajectoires complexes et des nœuds cruciaux de l’existence.
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