Folklore et écriture vernaculaire dans The Autobiography of Miss Jane Pittman
On commencera par relever la richesse vernaculaire de la voix de Miss Jane et la densité folklorique de l’écriture de Gaines qui décrit ainsi son projet : « a folk autobiography ». Une autobiographie « folklorique » ? Certes, le rythme, la grammaire de l’anglais oral noir américain jalonnent ce réci...
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Format: | Article |
Language: | English |
Published: |
Association Française d'Etudes Américaines
2006-05-01
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Series: | Transatlantica : Revue d'Études Américaines |
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Online Access: | http://journals.openedition.org/transatlantica/1072 |
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doaj-377934661fb042a8adff6bf04ff525442021-09-02T17:24:58ZengAssociation Française d'Etudes AméricainesTransatlantica : Revue d'Études Américaines1765-27662006-05-01110.4000/transatlantica.1072Folklore et écriture vernaculaire dans The Autobiography of Miss Jane PittmanLaurence Cossu-BeaumontOn commencera par relever la richesse vernaculaire de la voix de Miss Jane et la densité folklorique de l’écriture de Gaines qui décrit ainsi son projet : « a folk autobiography ». Une autobiographie « folklorique » ? Certes, le rythme, la grammaire de l’anglais oral noir américain jalonnent ce récit qui se place lui-même dans son prologue sous le signe stylistique des conversations informelles sur les marches d’un perron de Louisiane, ces « porch talk » dont Gaines répète s’être inspiré. Cependant, l’analyse confinerait à la couleur locale si la « folk autobiography » n’était pas lue comme autobiographie fictive d’un peuple et d’une stratégie de survie : Miss Jane incarne aussi la dimension fonctionnelle du parler vernaculaire dont la théorie de signifyin(g) a montré les enjeux vitaux. La jeune Jane, tout juste libérée de son nom d’esclave, possède déjà les « armes » verbales pour attaquer une société vacillante. Elle parvient à « éliminer » un adversaire des plus symboliques, le contremaître noir, en le réduisant à néant dans une réplique emblématique du pouvoir du signifyin(g) (« You ain’t nothing but Nothing » p. 11). La veille femme, sage mais non résignée, devient trickster à la fin du récit. Dans une évocation performative (on notera le jeu des « to stand », « to march » p. 257), elle fait plus que « raconter » son histoire et parvient à « créer » l’Histoire en guidant et modifiant le destin de toute une communauté. On suggérera encore que cette « folk autobiography », autobiographie d’un peuple ou d’une culture, ne se laisse pas réduire à la seule communauté noire. Le récit est ancré dans la culture de la Louisiane, une culture complexe où maîtres blancs et esclaves puis métayers noirs traversent des tragédies communes, et écrivent ensemble leur Histoire commune dans une langue vernaculaire qu’ils partagent aussi, ainsi que l’illustre le drame de Tee Bob et Mary Agnes, et surtout le récit à deux voix qu’en font Jane et Jules Raynard (« speculatin » p. 205).http://journals.openedition.org/transatlantica/1072folklorerhetoricautobiographyLouisianacommunityorality |
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On commencera par relever la richesse vernaculaire de la voix de Miss Jane et la densité folklorique de l’écriture de Gaines qui décrit ainsi son projet : « a folk autobiography ». Une autobiographie « folklorique » ? Certes, le rythme, la grammaire de l’anglais oral noir américain jalonnent ce récit qui se place lui-même dans son prologue sous le signe stylistique des conversations informelles sur les marches d’un perron de Louisiane, ces « porch talk » dont Gaines répète s’être inspiré. Cependant, l’analyse confinerait à la couleur locale si la « folk autobiography » n’était pas lue comme autobiographie fictive d’un peuple et d’une stratégie de survie : Miss Jane incarne aussi la dimension fonctionnelle du parler vernaculaire dont la théorie de signifyin(g) a montré les enjeux vitaux. La jeune Jane, tout juste libérée de son nom d’esclave, possède déjà les « armes » verbales pour attaquer une société vacillante. Elle parvient à « éliminer » un adversaire des plus symboliques, le contremaître noir, en le réduisant à néant dans une réplique emblématique du pouvoir du signifyin(g) (« You ain’t nothing but Nothing » p. 11). La veille femme, sage mais non résignée, devient trickster à la fin du récit. Dans une évocation performative (on notera le jeu des « to stand », « to march » p. 257), elle fait plus que « raconter » son histoire et parvient à « créer » l’Histoire en guidant et modifiant le destin de toute une communauté. On suggérera encore que cette « folk autobiography », autobiographie d’un peuple ou d’une culture, ne se laisse pas réduire à la seule communauté noire. Le récit est ancré dans la culture de la Louisiane, une culture complexe où maîtres blancs et esclaves puis métayers noirs traversent des tragédies communes, et écrivent ensemble leur Histoire commune dans une langue vernaculaire qu’ils partagent aussi, ainsi que l’illustre le drame de Tee Bob et Mary Agnes, et surtout le récit à deux voix qu’en font Jane et Jules Raynard (« speculatin » p. 205). |
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