Summary: | L’expression de l’intensité, dans le domaine nominal, est généralement considérée comme une propriété
distinctive des noms abstraits statifs (e.g. courage, tristesse). Il existe cependant des noms intensifs
d’aspect dynamique (e.g. ralentissement, effort), qui ont la particularité de pouvoir combiner
l’interprétation intensive et la dénotation d’actions ou d’événements (e.g. Un grand ralentissement de
l’activité économique a eu lieu l’année dernière). Nous nous interrogeons dans cet article sur les conditions
sémantiques qui permettent d’associer lexicalement les traits d’intensité et d’événementialité, et tentons
de cerner les propriétés des noms d’événements intensifs par comparaison avec les autres noms
d’événements. Dans le cas où les noms d’événements intensifs sont des nominalisations, les propriétés de
leurs bases morphologiques sont analysées, ainsi que l’éventuelle transmission de l’intensivité dans les
opérations de dérivation successives (e.g. moderne > moderniser > modernisation). Nous étudions
également les corrélats aspectuels de l’expression de l’intensité dans le domaine actionnel, certains noms
d’événements intensifs présentant une forme de télicité variable, caractéristique des « achèvements
graduels » (e.g. la dégradation de la situation (en / pendant) trois ans). Différentes constructions de
l’intensité dans le domaine nominal sont ainsi mises en évidence, selon que l’intensité décrite repose sur
un changement d’état gradable (e.g. refroidissement, détérioration, diversification), sur l’action d’une force
(e.g. frottement, poussée, impact) ou sur une situation mixte d’état-événement (e.g. pagaille, scandale,
malaise).
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