Summary: | Une source importante de pronoms dans un grand nombre de langues dans le monde est celle des noms désignant des concepts situés à un niveau de généralisation élevé comme chose ou personne, comme c’est le cas du pronom indéfini quelque chose et du pronom négatif personne. Haspelmath (1997) considère que, dans un grand nombre de langues, des syntagmes nominaux qui contiennent des noms généraux fonctionnent comme pronoms indéfinis, sans nécessairement appartenir à la classe des pronoms grammaticalisés. L’objectif de cette analyse est d’étudier le nom personne en français en comparaison avec ses équivalents en portugais et en allemand, ainsi que leur préférences et restrictions réferentielles afin de déterminer si, dans ces langues, ces noms sont en train de subir un processus de grammaticalisation, et si l’existence d’un pronom assez ancien issu de ce substantif comme dans le cas du français personne ou bien des processus plus récents du portugais qui voit naître un pronom impersonnel a(s) pessoa(s) font qu’en général des syntagmes non grammaticalisés deviennent plus facilement des équivalents de pronoms. L’étude sera basée sur des jugements d’acceptabilité de locuteurs français, allemands et portugais et des données de corpus. Les résultats montreront que personne est bien établi comme lexème dans le langage courant, sans signes évidents de pronominalisation, tandis que l’allemand Person montre encore des traces des emplois anciens administratifs et des restrictions importantes dans ses emplois. Le portugais pessoa est clairement en voie de pronominalisation. Ces différences s’expliquent en partie comme conséquence des contraintes des systèmes lexicaux mais aussi grammaticaux des langues analysées.
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