Le non-sens de la folie : replonger le Moyen-Age dans l’interaction

A la suite de Foucault, nombre d’historiens, médiévistes y compris, ont continué à faire de la folie un « construit social », sans vraiment se demander pourquoi et comment on « devenait » fou au Moyen-Age. La folie médiévale n’est pas le simple produit de catégories forgées par les juristes, les méd...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Arnaud Fossier
Format: Article
Language:fra
Published: ENS Éditions 2004-10-01
Series:Tracés
Online Access:http://journals.openedition.org/traces/2933
Description
Summary:A la suite de Foucault, nombre d’historiens, médiévistes y compris, ont continué à faire de la folie un « construit social », sans vraiment se demander pourquoi et comment on « devenait » fou au Moyen-Age. La folie médiévale n’est pas le simple produit de catégories forgées par les juristes, les médecins ou les théologiens. Une optique radicalement constructionniste nous aveugle sur la spécificité des fous du Moyen-Age et, paradoxalement, nous évite de réinscrire ces fous dans un monde très particulier, caractérisé par l’omniprésence de Dieu dans les rapports sociaux. La sociologie interactionniste permet au contraire de comprendre à quel point on ne devient fou qu’en situation, à des moments où l’on se trompe de « cité » et d’« ordre de grandeur » (Boltanski, Thévenot, 1991). Ces moments sont des « épreuves » qui exigent que chacun se justifie correctement et se fasse comprendre. Une justification hétérodoxe sera qualifiée de folie, une incapacité totale à se faire comprendre sera taxée de folie. C’est ce que cet article s’emploie à démontrer.
ISSN:1763-0061
1963-1812