Summary: | L'évolution du sport au Cameroun est tributaire de son statut en tant qu'organisation sociale ayant acquis ses lettres de noblesse au cours de la première décennie de notre indépendance.
En effet, le secteur du sport avant d'atteindre son autonomie, a longuement cheminé aux côté d'autres secteurs : Education Nationale, Culture, Jeunesse, Information, en passant par un Secrétariat d'Etat, puis un Commissariat Général, un Vice-Ministère, un Ministère de la Jeunesse et des Sports et, enfin, un Ministère des Sports et de l'Education Physique.
Le cheminement en tant que département ministériel à part entière date ainsi de 1970 (Ministère de la Jeunesse et des Sports) avec des institutions professionnelles propres. Cette situation n'a pas été anodine car, durant la première décennie (1960–1970), les cadres des Sports et de l'Education Physique n'avaient pas de statut propre à eux et devaient leurs promotions aux travers de structures hybrides, alors que tout les prédisposait à un fonctionnement autonome. Le détachement n'a de ce fait jamais posé de problème réel, étant donné que tout concourait depuis longtemps à l'approbation d'une vie spécifique.
Il fallait pourtant envisager tôt ou tard cette évolution dans la mesure où la pratique sportive s'est toujours présentée avec toute sa panoplie de règles, de structures et d'infrastructures qui en ont fait un domaine de spécialisation à part entière. Le sport civil (depuis 1922) et le sport scolaire (à partir de 1952) ont constitué le socle sur lequel s'est bâtie une organisation sportive digne de ce nom au point où, en accédant à l'indépendance en 1960, le sport camerounais disposait déjà d'une avancée certaine aussi bien pour la formation des clubs, que sur le plan de la mise en place de certaines fédérations nationales.
Ce mouvement, né dans les années 1930 avec l'apparition des premières équipes indigènes de football, s'est progressivement accentué, devenant un point d'encrage qui a permis aux jeunes scolaires camerounais de prendre part à des compétitions internationales dès les années 1950. La création d'un Centre d'Education Physique et Sportive (CEPS) à Dschang et la sortie des premiers moniteurs d'EPS, vont accélérer la diffusion du sport sur l'ensemble du territoire. Les cours d'éducation physique, relayés par le sport scolaire, avec la naissance en 1952 de l'Office du Sport Scolaire et Universitaire (OSSU), ont largement contribué à son expansion. Le sport civil n'était pas en reste et l'année 1959 voit la mise en place des fédérations camerounaises de football, de boxe et de cyclisme. Quoi de plus normal qu'en 1960, année de l'indépendance du Cameroun, notre pays ait fait une prestation plus qu'honorable aux Jeux de la Communauté à Madagascar, avec en prime une finale en football, malheureusement perdue (3 à 1) contre la France.
En 50 ans d'indépendance, le sport camerounais a beaucoup évolué. De 11 en 1970, les fédérations sportives sont passées à plus de 40 aujourd'hui et les titres, trophées et médailles ne se comptent plus depuis lors. Le Cameroun est devenu progressivement une nation où le sport compte et où l'exploit sportif n'est plus méprisé, rejeté, voire vilipendé. Hier assimilés à des brutes épaisses, les sportifs sont aujourd'hui admirés et adulés. Finie l'image négative de marginaux qui leur collait au corps : finis les sous-entendus ridicules où ils étaient classés au bas de l'échelle sociale, juste bons pour bander les muscles et réaliser des performances. C'est cela la plus grande victoire du sport camerounais en 50 ans d'existence. Il a réussi à faire l'unanimité et les performances des sportifs devenues pour toute la nation un modèle, une référence et un réel motif de fierté.
|