Summary: | Cet article propose de reprendre la périodisation historique proposée par Luc Vancheri en y additionnant des théories spectatorielles. Pour avancer dans cette voie, le texte se focalise sur le « Moment Youngblood », c’est-à-dire la période contemporaine dont Vancheri marque l’origine dans les années 1960. Celle-ci se caractérise par une porosité des frontières entre, d’une part, le cinéma et l’art contemporain et, d’autre part, entre l’art et l’espace public. L’hypothèse est qu’on assiste à une dynamique de dérégulation esthétique.On mènera une lecture croisée de quatre contributions notables sur la question spectatorielle propres à cette période : il s’agit de celles de Fredric Jameson, Jacques Rancière, Stanley Cavell et Jean Louis Schefer. Du point de vue des quatre auteurs convoqués, cette dérégulation ne serait pas seulement circonscrite au monde de l’esthétique, mais serait, plus largement, une tendance sociale (voire sociétale). Elle aurait pour conséquence un dérèglement du sens (dans les trois déterminations du mot « sens » : direction, perception et signification) que l’individu doit apprendre à compenser. La lecture des quatre auteurs proposés ouvre ainsi la possibilité d’intégrer des questions d’ordre éthique et politique dans l’analyse de la fonction spectateur et elle permet de voir s’esquisser le paradigme spectatoriel contemporain.
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