Summary: | Partant de l’analyse anthropologique des âges de la vie par Hegel dans l’Encyclopédie, on présentera sa critique des idéaux. Hegel fustige chez le jeune homme cette tendance à opposer le réel et l’idéal. Il dégage les risques à la fois individuels et collectifs que cette vision du monde fait courir et considère « l’homme fait » comme celui qui sait vouloir ce qui est. De cette analyse, suit la conclusion qu’il n’y a pas de possible en dehors du réel, pas de substantialité hors du monde. Autrement dit, et contre la première impression de la plupart des hommes, possible et réel, devoir être et être, s’identifient.
Pourtant, si l’aversion du réel inspirée par l’attachement aux idéaux représente, selon Hegel, un danger, le procès du devoir-être par la philosophie spéculative n’est pas non plus sans risque. Ne signe-t-il pas, comme le dira Nietzsche, la défaite de la volonté face au poids des choses ?
La lecture, dans la Doctrine de l’essence, du chapitre intitulé « L’effectivité » dans la section du même nom, peut nous préserver de conclusions si déprimantes, car celui-ci vient expliquer, non que le possible est une chimère, une vue de l’esprit, mais qu’il s’identifie à l’effectif. Or, la reconnaissance de cette intimité produit d’une part en retour une conception plus riche, plus haute, plus noble du possible – elle lui donne en somme des lettres de noblesse – et, d’autre part, elle conduit à y lire une affirmation de la contingence. Notre argumentaire vise à établir qu’en disant que l’effectif est possible et que le possible est effectif, Hegel ne les détruit pas en leur ôtant leurs déterminations propres, mais leur assure une plus grande consistance. En étant possible, l’effectif cesse de se confondre avec la réalité comprise comme simple existence ou simple phénomène, comme simple il y a. En étant effectif, le possible cesse de signifier un moindre-être, un en deçà, un simplement ou seulement possible, puisqu’il est alors inscrit dans l’être, dans le monde.
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