Le concept d' histoire dans la philosophie de Gilles-Gaston Granger.
Granger a développé durant toute sa carrière une réflexion très rigoureuse sur les sciences, dans la lignée de la tradition française du rationalisme appliqué. Son originalité profonde tient à une approche résolument comparatiste des différentes disciplines, de leurs méthodes, de leurs opérations et...
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Granger a développé durant toute sa carrière une réflexion très rigoureuse sur les sciences, dans la lignée de la tradition française du rationalisme appliqué. Son originalité profonde tient à une approche résolument comparatiste des différentes disciplines, de leurs méthodes, de leurs opérations et de leurs objets, dans le cadre d'une ambitieuse épistémologie, qu'on pourrait qualifier à la fois de pragmatiste et de transcendantale. Sa conception formelle de la connaissance réserve cependant un statut paradoxal à l'Histoire. Dans la première partie de l'article, l'auteur tente de préciser la nature du « paradoxe » de la connaissance historique, en étudiant cinq des traits constitutifs de cette discipline qui l'éloignent apparemment de la saine scientificité : son lien direct à l'expérience, son souci de l'individuel, sa « faible » vérification, son but de représentation et non d'objectivation, son manque de virtualité. Dans la seconde partie de l'article, l'auteur cherche à critiquer la manière même dont Granger pose le problème classique de l'ambiguïté du savoir historique. Est examiné en particulier le traitement qu'il réserve au souci historien de l'individuel, et son manque de considération du rôle du récit ou du discours historique. Il s'agit d'abord de souligner la convergence entre, d'une part, les remarques de Pariente contre la connaissance par « système », et en faveur d'une approche « modélisée » (clinique) de la saisie historique de l'individuel, et, d'autre part, la conception que Carlo Ginzburg se fait de l'histoire comme connaissance indiciaire. L'auteur fait ensuite valoir, contre Granger, que le discours (récit) historien ne peut plus être considéré comme un medium neutre, ni comme un aspect purement esthétique que l'épistémologie devrait négliger. Il soutient au contraire qu'il faut prendre en considération sa spécificité linguistique et ses réalisations cognitives. En conclusion, il suggère que le débat historiographique contemporain, portant sur les prétentions de l'histoire à la vérité, tourne précisément autour de ces deux difficultés (l'individuel, le récit), qui ne sont en fait que les deux aspects d'un même problème : comment le discours historique peut-il atteindre son objet individuel (défini a minima comme événement temporel) ? D'où l'intérêt archéologique de la présente enquête. <br> Throughout his career, Granger developed a rigorous reflection on the sciences, within the French tradition of applied rationalism. Yet his approach was highly comparative, while its framework was both pragmatist and transcendental. Nevertheless, his formal conception of knowledge provided history with a paradoxical status. The first part of this article attempts to qualify this “paradox” of historical knowledge through the study of five constituents of the discipline that take it apart from holy scientificity: its direct link to experience, its focus on the individual, its “weak” verification, its representative rather than objectivist goal, its lack of virtualization. The second part consists in a criticism of Granger’s way of posing the classic problem of the ambiguity of historical knowledge. The focus is on Granger’s treatment of the focus on the individual as well as on his failure to fully consider the role of the narrative or historical discourse. The need to take into account the linguistic specificity and cognitive realizations of historical discourse within the epistemological reflection is thus highlighted. The conclusion suggests that the contemporary debate within historiography on the pretentions of history toward truth is precisely around these two difficulties (the individual and the narrative), in fact both aspects of a single problem: how can historical discourse reach its individual object (i.e., the temporal event)? Hence the archeological value of the present investigation. |
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