Discours historique et narrativité
La plupart des chercheurs qui s’intéressent aux questions d’écriture en sciences humaines et sociales semblent aujourd’hui tenir le genre narratif pour celui que les historiens ne peuvent éviter lorsqu’ils mettent en texte les données qu’ils ont réunies. Or, l’examen d’un corpus constitué de plusieu...
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Laboratoire Interdisciplinaire Récits Cultures Et Sociétés
2021-06-01
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Series: | Cahiers de Narratologie |
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La plupart des chercheurs qui s’intéressent aux questions d’écriture en sciences humaines et sociales semblent aujourd’hui tenir le genre narratif pour celui que les historiens ne peuvent éviter lorsqu’ils mettent en texte les données qu’ils ont réunies. Or, l’examen d’un corpus constitué de plusieurs histoires de la Seconde Guerre mondiale montre que certaines de ces études ne relèvent pas du récit, du moins tel que le genre est défini par les narratologues. Celles qui peuvent être considérés comme des récits, d’autre part, se présentent sous différentes formes et offrent différents degrés de narrativité. Si, posant un lecteur qui sait comment le conflit s’est terminés (par la victoire des Alliés), elles renoncent au suspense, elles cherchent en revanche à éveiller la curiosité en formulant des hypothèses contrefactuelles ( « Et si… »), de même qu’à créer la surprise en proposant des « versions inédites de » basées sur la découverte de nouveaux documents ou l’introduction de nouvelles questions. Comme Dorrit Cohn parle du « propre de la fiction », on pourrait dans ce domaine parler du « propre de l’historiographie ». Les récits extra- et hétérodiégétiques dits « classiques » auxquels les études historiques sont souvent comparées ne sont en effet susceptibles ni de contenir des hypothèses contrefactuelles, ni d’offrir des événements qu’ils rapportent une nouvelle version « plus conformes aux faits ». |
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