Les pouvoirs du récit

Selon Damásio, le moi conscient se crée à partir de la capacité du cerveau à raconter, c’est-à-dire à transformer en récit les signaux et messages produits par ses diverses couches. Les mythes donnent au monde une cohérence significative qui provient de l’organisation des éléments que ses r...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Helder Godinho
Format: Article
Language:English
Published: UGA Éditions 2021-01-01
Series:Iris
Online Access:https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1893
Description
Summary:Selon Damásio, le moi conscient se crée à partir de la capacité du cerveau à raconter, c’est-à-dire à transformer en récit les signaux et messages produits par ses diverses couches. Les mythes donnent au monde une cohérence significative qui provient de l’organisation des éléments que ses récits produisent. Les rapports au monde de toutes les espèces vivantes sont contenus dans les limites de leurs possibilités phylogénétiques qui résultent déjà d’une relation continuée pendant des millions d’années. La capacité humaine de créer des récits sur le réel (au sens le plus large du terme) doit intégrer ces éléments phylogénétiques qui se manifestent même dans les parties non conscientes du cerveau intégrées pourtant dans le récit qui construit un moi. Ce dépôt venu du fond des âges est une des causes de l’excès de sens que nous poursuivons toujours et qui est, au niveau de l’imaginaire « premier » (celui que Gilbert Durand considérait le patrimoine du sapiens) la voix de ce fonds dans ces rapports avec le texte du monde. Un récit est ainsi une façon de donner à voir l’invisible, et cette invisibilité produit un excès de sens qui cherche toujours à se manifester. Il est marqué par les cohérences et consistances des images de cet imaginaire premier qui médiatise toujours nos relations au monde et aux autres, et auquel s’ajoute les cohérences des imaginaires « seconds » des individus et des cultures.
ISSN:2779-2005